Après avoir participé à un culte de Pâques grâce à Zoom, quelques mots sur la résurrection.
Ce que la résurrection n’est pas
Pour nous aider à entendre les récits de résurrection, je voudrais commencer par dire ce qu’elle n’est pas. En négatif, voici donc un récit de l’évangile de Pierre, un évangile apocryphe – c’est-à-dire un évangile qui n’a pas été retenu dans nos Bibles – qui date du deuxième siècle.
« Dans la nuit où naissait le jour du Seigneur, tandis que des soldats, deux à deux, montaient la garde, il se fit un énorme bruit dans le ciel, et ils virent le ciel s’ouvrir et deux hommes, tout rayonnants, en descendirent et s’approchèrent du tombeau. Et cette pierre, placée à la porte, se mit à rouler d’elle-même et s’écarta, le tombeau s’ouvrit et les deux jeunes gens entrèrent. Quand les soldats virent cela, ils alertèrent le centurion et les anciens ; car eux aussi étaient là pour surveiller. Et tandis qu’ils étaient encore en train de raconter ce qu’ils avaient vu, ils virent trois hommes sortir du tombeau, les deux (précédents) soutenant un troisième, et une croix allait derrière eux ; la tête des deux touchait au ciel, mais la tête de celui qu’ils conduisaient dépassait même le ciel. Et l’on entendit une voix venant du ciel dire : « As-tu prêché à ceux qui se sont endormis ? » Et, de la croix, vint une réponse : « Oui. » Alors ils se concertèrent et décidèrent d’aller chez Pilate et de lui en faire rapport. »
Ce texte nous permet d’entendre la singularité des évangiles bibliques qui disent autre chose. Ils ne décrivent pas l’événement résurrection, ils évoquent une absence.
Ce que la résurrection est
Dans les évangiles, la résurrection n’est pas racontée, ce qui est évoqué, c’est le tombeau vide. Lorsque le ressuscité se présente à ses disciples, il disparaît dès qu’ils veulent le saisir. C’est à partir d’une absence qu’il se révèle.
Lao-Tseu, un sage du VIe siècle avant Jésus-Christ, a fait l’éloge du vide : « Trente rayons convergent vers le moyeu, mais le vide entre eux fait avancer le char. D’une motte de glaise, on façonne la jarre, mais c’est le vide en elle qui en donne l’usage. Murs, portes et fenêtres forment la maison, mais le vide de la chambre permet d’y habiter. »
La résurrection nous invite à cultiver un espace vacant en nous dans lequel le Christ ressuscité viendra habiter la fragilité de notre humanité.
Que le ressuscité viennent dans notre histoire et nous pourrons dire avec le Père de l’Église Grégoire de Naziance :
« C’est la Pâque du Seigneur, c’est le temps de la résurrection et le commencement de la vraie vie. Hier attaché à la croix avec le Christ, je suis glorifié aujourd’hui avec lui ; mourant hier avec lui, avec lui aujourd’hui je reviens à la vie ; enseveli hier avec lui, avec lui aujourd’hui je ressuscite. Le Christ qui est ressuscité des morts me renouvelle moi aussi en Esprit et me fait revêtir l’homme nouveau. »