Si le premier confinement a pu être vécu comme une nécessité impérieuse et une expérience inédite et pas forcément désagréable, ce deuxième épisode nous convainc moins.
Sans doute parce qu’on a déjà donné, et que l’on craint que ces « stop and go » soient désormais notre lot quotidien. On manque dramatiquement de perspectives : impossible de prévoir, de planifier un projet, de se réjouir à l’avance pour quoi que ce soit. Nous avons parfois l’impression d’être enfermés dans « Un jour sans fin », ce film des années 1990 dans lequel Bill Murray revivait sempiternellement la même journée, malgré toutes ses tentatives d’en sortir.
Quelle différence avec le premier confinement ?
Le confinement printanier était porteur de plus d’espoir – et annonciateur de jours meilleurs – alors que sa version automnale risque d’être bien sombre, à commencer par la durée des jours qui raccourcit forcément. Si l’on y ajoute la pluie et le temps gris, on réunit à peu près tous les ingrédients d’un gros coup de déprime assuré.
Le psychiatre et éthologue Boris Cyrulnik relève, comme beaucoup de thérapeutes et de médecins, un fort risque psychologique qui pèse sur les individus les plus fragiles, ou ceux que la crise économique va fortement impacter.
Nous sommes impuissants, contraints, et avons la sensation d’être traités comme des enfants que l’on punit de leur mauvaise conduite. Colère et frustrations s’affrontent en nous. Sûrement. Mais, à ce stade, avons-nous le choix ?
Vous connaissez mon leitmotiv : les pensées négatives ajoutent à notre mal-être, inutile de les entretenir (je vous renvoie à cette petite vidéo, plus que jamais d’actualité).
Mais, s’il est difficile de sautiller sur place en ânonnant que tout va bien, il y a peut-être néanmoins quelques petites choses que l’on peut faire.
Veiller à son sommeil
Il y a quelque temps déjà, j’avais recensé dans cet article les principaux piliers d’une bonne santé : alimentation, activité physique et sommeil sont nos principales sources d’énergie. Il s’agit bien, d’abord, de l’énergie physique, celle qui est nécessaire pour faire tourner la machine « corps » et alimenter la machine « cerveau » pour que l’une et l’autre fonctionnent à bon régime.
En ce moment, je vous incite prioritairement à veiller sur votre sommeil et à privilégier toutes les manières de le maintenir aussi bon que possible. Et si vos nuits sont agitées, et que vous êtes en télétravail, obligez-vous à faire une sieste postprandiale. 15 à 20 minutes suffisent pour bénéficier d’un effet récupérateur et appréciable pour l’après-midi qui suit. Cela vaut la peine, quand on sait que vous allez travailler des heures, courbé sur votre clavier ou votre poste de travail.
Entretenir son moral
Toutefois, l’énergie physique ne suffit pas. En ce moment, l’état d’esprit positif (ou au moins apaisé), et le moral comptent énormément. En tout temps, ce sont eux qui ont toujours permis aux hommes de « tenir ». Il y a donc urgence à entretenir, voire à faire remonter, notre énergie psychique et émotionnelle. Alors, comment « faire votre part » pour maintenir un moral aussi bon que possible – et peut-être le communiquer aux quelques personnes qui vous entourent ?
Je vous propose de vous poser quelques instants, pour noter tout ce qui vous « nourrit », c’est-à-dire, littéralement, de repérer toutes ces activités (encore possibles) que vous aimez et qui vous rechargent : elles vous correspondent et vous donnent cette sensation profonde, personnelle, d’augmenter votre énergie.
Je vous liste quelques exemples, qui ne sont ni exhaustifs, ni exclusifs. Faites votre propre liste, et piochez-y chaque jour deux ou trois « patchs » d’énergie, parmi :
- les activités qui éveillent positivement les sens : écouter de la musique, contempler l’horizon, faire la cuisine, jouer d’un instrument, respirer des parfums agréables, prendre un bain aux huiles essentielles, se masser…
- les activités qui évadent notre esprit : lire des romans, de la poésie, des textes sacrés, écouter des podcasts ou des livres audios…
- les activités qui procurent des joies d’enfant : jouer, sauter, courir à perdre haleine, faire des puzzles, colorier, rire, manger des bonbons, faire des bulles de savon…
- les activités qui participent à notre paix intérieure : méditer, prier, écrire ses états d’âme…
- les activités qui font vibrer notre corps : faire du sport, du yoga, du vélo, de la trottinette, marcher à vive allure, sauter à la corde ou sur un trampoline, chanter, danser, aimer…
- les activités qui reconnectent à la nature : marcher en forêt, ramasser des champignons, des marrons, des feuilles, se balader au bord de l’eau, s’asseoir sur un banc juste pour regarder, jardiner, cueillir des fleurs sauvages pour faire un bouquet…
- les activités créatives : dessiner, peindre, modeler, faire des collages, tenir un journal, coudre, broder, tricoter, bricoler…
- les activités de pur plaisir. Elles peuvent sembler vides de sens, mais elles vous apportent un instantané de bien-être : manger du chocolat, boire un capuccino, regarder sa série préférée, s’habiller de manière colorée, blaguer en famille…
Dans cette période, c’est le lien social qui est le plus impacté, que ce soit avec notre famille, nos collègues, nos amis… Sans être vissé à votre écran, accordez-vous aussi des moments d’échanges, même à distance avec ceux qui vous sont chers – et peut-être en privilégiant la vidéo. En ce moment, garder le contact avec soi-même, et aussi avec les autres, s’avère plus que nécessaire.