L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est un des piliers désormais incontournable du bien-être au travail. Mais il reste difficile de concilier harmonieusement nos engagements professionnels et nos activités personnelles, tout en préservant notre santé physique et mentale.

Il faut reconnaître que les frontières peuvent être brouillées avec les nouvelles organisations du travail. Focus sur les causes et les risques.

Les obstacles à un bon équilibre

Il existe des freins traditionnels au bon dosage entre implication professionnelle et vie personnelle, et d’autres apparus plus récemment.

Le statut de cadre
Cadres et « managers » sont censés bénéficier d’une autonomie dans leurs fonctions, qui les autorise, en corolaire, à travailler plus que la durée légale, sans prétendre à des heures supplémentaires. En période de rush, ou quand on est « challengé » par un nouveau poste ou des responsabilités plus importantes, il peut être tentant de pousser le curseur au-delà du raisonnable.

La pression associée au perfectionnisme
Des charges de travail excessives peuvent entraîner une pression réelle et générer un stress important. Cela influe d’autant sur le temps et l’énergie consacrés à la vie personnelle – cette dernière servant de variable d’ajustement en période de tension.  Les délais serrés, les heures supplémentaires fréquentes et les attentes irréalistes peuvent rendre difficile la conciliation entre les responsabilités professionnelles et les engagements personnels, surtout quand on se met soi-même la pression, en ayant à cœur de (trop) bien faire. Qu’elle vienne de normes sociales (éducatives, culturelles) ou d’exigences personnelles, la pression rend impossible un juste équilibre entre vie professionnelle et vie privée. C’est encore plus flagrant chez les personnes qui se donnent pour objectif de réussir dans tous les domaines de leur vie, et s’enferment dans une spirale usante.

L’hyperconnectivité
Les technologies modernes et la connectivité constante entraînent forcément une intrusion du travail dans la vie personnelle, notamment avec les e-mails professionnels qui arrivent directement sur notre téléphone en tous lieux, les éventuels appels téléphoniques ou les attentes de disponibilité permanente, propres à certains métiers.

Le manque de moyens
Être jugé sur ses résultats, alors même que l’on ne dispose pas complètement des moyens nécessaires, contraint à trouver des parades. Quand les effectifs sont insuffisants, la charge de travail pèse davantage sur un petit nombre. Les travailleurs du tertiaire qui disposent d’un ordinateur portable sont en mesure de déplacer ce moyen de travail chez eux, pour rattraper le temps perdu. Une tendance que les indépendants connaissent bien, habitués à travailler partout, et souvent durant leurs vacances.

La culture d’entreprise
Dans certains métiers ou dans certains services, il est encore de bon ton de faire du présentéisme, ou de répondre à la moindre sollicitation de la clientèle. Être présent – ou disponible – pour le principe devient une posture partagée, dont il est compliqué de se défaire ultérieurement. Parfois, ce fonctionnement n’est que tacite, et se diffuse dans toute une équipe, la plupart du temps par imitation du chef. Celui ou celle qui va à l’encontre de cette règle implicite passe au mieux pour un tire-au-flanc, au pire pour un traître.

Le télétravail
Les jours où l’on travaille à son domicile, il est beaucoup plus difficile de mettre une limite entre les activités d’ordre professionnel et personnel, tant elles peuvent se chevaucher dans l’espace comme dans le temps. Quand le travail investit notre sphère personnelle, la confusion est facile – dans un sens comme dans l’autre. Si l’on a profité de sa journée de travail pour répondre à des besoins personnels (accompagnement des enfants, rendez-vous médical…) on peut chercher à compenser en travaillant encore plus, au-delà des horaires que l’on est supposé faire.

Des risques réels

Un déséquilibre chronique – souvent en faveur du travail, présente de nombreux inconvénients pour tout travailleur, comme pour son employeur.

L’atteinte à la santé
Stress, troubles du sommeil, fatigue constante, s’ils s’installent, peuvent affecter la santé physique comme la santé mentale, avec le risque de voir apparaître des troubles musculo-squelettiques, des problèmes cardiaques ou une dépression.

Le burn-out
Cet épuisement physique et psychique menace tous ceux qui ne se donnent plus le temps de récupérer suffisamment, dans un contexte de forte pression et de manque de moyens. Un burn-out sévère est souvent suivi d’un arrêt-maladie de plusieurs mois, dont il sera d’autant plus difficile de sortir en récupérant toutes ses capacités.

La perte de motivation
Si le déséquilibre est systématique, et empiète trop sur la vie personnelle, tout travailleur peut se sentir accablé, impuissant et totalement désinvesti. Un comportement qui affecte la performance et incite surtout à aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte.

La mauvaise image de l’entreprise, le turn-over
A l’ère des réseaux sociaux, la piètre réputation d’une entreprise-employeur se propage vite. Certains sites permettent même de noter l’ambiance au travail de certaines sociétés. Pour celles dont les pratiques excessives sont mises en avant, le risque est clair : turn-over plus important dans les équipes et difficultés à recruter – dans un marché déjà tendu. Tout cela a aussi un coût.

Le risque social
L’employeur est réputé veiller à la santé – y compris mentale – de ses collaborateurs. Favoriser un déséquilibre, ou laisser faire, expose aussi à des sanctions sociales. Le droit à la déconnexion, par exemple, a été introduit dans le code du travail en 2017, et il appartient à l’employeur de le faire respecter.

La semaine prochaine, nous envisagerons les bonnes habitudes à mettre en place pour restaurer l’équilibre vie professionnelle/vie privée.

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