Un potager, est-ce que cela répond à un amour de la terre ou est-ce que cela traduit chez toi un désir de consommer local, bio… ou de faire des économies ?

Eh bien, tout ça en même temps, je dirais ! Au départ, je me suis intéressé au maraîchage pour comprendre comment ça poussait et comment faire les meilleurs légumes possibles (c’est d’ailleurs mon premier métier, cuisinier, qui m’a amené à la terre). Et puis en travaillant à Raulhac (www.raulhac.org/fr/), j’ai compris à quel point la terre était importante : une « entité » à part entière, vivante, qui nous porte et nous donne de la nourriture…
Aujourd’hui, avoir un potager me permet surtout d’avoir des bons légumes pour pas cher… Mais en restant toujours fasciné par la terre.

Comment transmettre l’envie de s’intéresser à sa planète, de la préserver ?

Cette question revient pour moi à se demander comment rendre les gens (et l’Église) responsables… Et ça, c’est une bien grande question ! C’est le mal du XXe siècle, si tu me demandes mon avis. Et un problème très profond pour nos Églises qui questionnent sur cette responsabilité (via les CP par exemple) et dont (à mon avis) nous n’avons pas pris la mesure.

Comment partager cette envie de sauver la planète, notamment en Église ?

Ce n’est pas parce qu’on a un potager qu’on veut forcement sauver la planète !
D’ailleurs, malheureusement, une grande partie de la pollution des sols est due aux particuliers qui mettent des produits chimiques dans leurs jardins, souvent en surdose par méconnaissance du produit.
Pour ma part, je suis un peu revenu de cette volonté de « sauver la planète ». Je partirais plutôt sur l’idée que l’on trouve dans la Genèse d’être responsable de la Création, d’avoir la possibilité de la préserver… Mais pas d’en être le sauveur.
« Sauver la planète » est une mission qui m’est passée par la tête mais je trouve qu’on se prend alors un peu pour Dieu, avec tout ce que ça implique. Notamment (et c’est ce qui m’a fait en revenir) le jugement de ceux qui ne partagent pas cette « mission de sauvetage », voire la condamnation de ceux qui sont d’un avis différent.

Quelles sont les priorités ?

La première piste que je vois à explorer serait celle du « bonheur ». Le bonheur que cela procure de s’y intéresser, le bonheur que ça donne en récoltant ses fruits, etc.
De mettre ce bonheur en « balance » avec le poids de cette responsabilité. Comme son nom l’indique, toute responsabilité est « pesante » (par exemple, le travail de la terre, c’est rude…). Alors pas grand monde a envie de s’imposer ça. Mais si on contrebalance ce travail exigeant de la terre avec le bonheur qu’il peut apporter, l’envie d’essayer peut émerger.
Je pense qu’on entre tous instinctivement dans cette réflexion avant de s’engager : on pèse le pour, le contre. Il faudrait arriver à refaire pencher la balance du côté des avantages à en tirer. Et le bonheur est le plus souvent incalculable dans cette balance mais il ne faudrait pas avoir peur de le mettre plus en avant. Tous au jardin !