Un vent de renouveau souffle dans votre tête et vous êtes convaincu qu’il est temps pour vous de quitter votre entreprise ? Si votre lettre de démission est déjà prête, efforcez-vous de partir de la manière la plus appropriée pour vous et votre employeur.
Partir pour quel projet ?
Si votre projet est motivé, demandez-vous quand même si c’est le bon moment pour vous, au regard des évolutions dans votre entreprise actuelle, du marché – ou de votre âge. Je vous invite à relire dans l’article précédent les risques de décisions radicales liées à la crise de mi-temps de vie.
Même si vous êtes un expert dans votre domaine, votre âge ne devient-il pas un problème ? Et si vous êtes encore junior et que vous avez multiplié les expériences, n’est-ce pas contre-productif ?
Le facteur temps compte énormément, et parfois il faut être un peu stratège et déplacer ses pions au bon moment.
Si vous changez simplement pour une autre entité, avec un métier proche de celui que vous exercez actuellement, la transition ne devrait pas poser de problème. Pensez tout de même à regarder sur les sites où les salariés notent leur entreprise, comme GlassDoor, quels sont les avis sur la société qui veut vous embaucher. A terme, votre satisfaction et le retour de votre épanouissement devraient vous convaincre que vous avez bien fait.
Si vous décidez de garder le même métier, mais de l’exercer désormais à votre compte, en free-lance ou comme consultant à temps partagé, votre expertise ne suffira pas. Réalisez qu’il va vous falloir maîtriser des métiers connexes (commercial, comptabilité, juridique…) et que vos revenus dépendent désormais de la bonne volonté de vos (futurs) clients, du marché et de la conjoncture. Ça ne s’improvise pas.
Enfin, si comme beaucoup de personnes aujourd’hui vous visez une reconversion professionnelle, dans un métier totalement nouveau et porteur de sens, prenez votre temps et faites-vous accompagner. A moins que vous ne décidiez de devenir un slasheur, en ajoutant une nouvelle corde à votre arc, sans pour autant lâcher la proie pour l’ombre.
Dans toutes ces hypothèses, il existe des dispositifs pour soutenir votre évolution. Faire un bilan de compétences, suivre une formation, être accompagné par un coach professionnel ou des experts du nouveau domaine est indispensable. Une étude de marché semble également incontournable. Elle structurera beaucoup votre réflexion au regarde de la réalité et vous donnera de l’assurance. Donnez un cadre à votre évolution, afin de ne pas vous laisser influencer par votre entourage, dont les avis sont biaisés par ses propres croyances et peurs. Votre mère qui pense à votre sécurité ou votre beau-frère qui est un serial-entrepreneur ne sont pas les meilleurs conseils dans ces domaines.
Quittons-nous bons amis
Votre démission relève de votre décision unilatérale, elle ne peut se faire que par écrit et en respectant le délai de préavis fixé par votre contrat de travail. On ne peut démissionner que d’un CDI, vous n’avez pas à le justifier, et votre patron ne peut vous le refuser, même s’il peine à vous trouver un remplaçant.
Dès lors, vous pourrez éventuellement vous inscrire à Pôle Emploi pour rechercher un autre poste si vous le souhaitez, mais vous ne bénéficierez pas d’indemnités : ni indemnité de départ, ni droit à l’allocation chômage. Certaines démissions peuvent cependant ouvrir des droits à l’allocation chômage, mais dans des cas très restrictifs, notamment de changement de résidence contraints (mutation du conjoint, par exemple). Mais si vous décidez de vous-même d’aller vous installer au soleil, votre employeur n’est pas obligé d’y souscrire, pas plus que Pôle Emploi.
Dans bien des cas, il peut être plus intéressant de négocier une rupture conventionnelle, notamment parce qu’elle donne droit à indemnisation. Mais ce ne peut être que d’un commun accord, et si votre entreprise la refuse, vous pourriez vous retrouver « coincé ». Le chantage n’est pas davantage opérationnel, et il pourrait vous nuire.
D’une manière générale, il faut s’efforcer de partir dans de bonnes conditions, en restant poli et positif. D’abord pour donner une bonne image de soi, ensuite pour conserver une bonne réputation dans un milieu dans lequel on va continuer à évoluer, enfin parce qu’il est probable que l’on croise ses anciens managers ou collègues dans d’autres postes. Cerise sur le gâteau, il est désormais fréquent que l’on revienne dans une entreprise que l’on a quittée, parce qu’un autre poste ou une autre opportunité se présente, autant y avoir laissé un bon souvenir.
Mais que se passe-t-il si vous avez sur-réagi en pleine réunion, en annonçant à la cantonade que vous alliez démissionner – ou si vous avez envoyé votre lettre en recommandé sous le coup de la colère, et que le lendemain vous vous en mordiez les doigts ? Est-il possible de revenir sur une démission ?
Rassurez-vous, une démission orale n’est pas recevable, et elle vous vaudra au mieux un silence gêné, au pire une explication claire avec vos interlocuteurs. En revanche, la démission écrite fait foi, car on estime qu’elle relève d’une volonté claire et non équivoque. En cas de regret, vous pouvez toujours rédiger une lettre de rétractation – qui devra être motivée pour que l’absence de volonté puisse être établie, mais votre employeur n’a aucune obligation d’y souscrire. Il est libre de valider votre démission, et seul le Conseil des Prud’hommes pourra statuer si vous maintenez votre volonté de rester – et sans garantie qu’il se range à vos arguments. Une raison supplémentaire de bien réfléchir avant de tout plaquer.