C’est la double histoire du passage à l’âge adulte d’une préadolescente au caractère bien trempé dans un environnement très défavorisé et la recherche identitaire d’un homme pas tout à fait comme les autres.
À 12 ans, Bailey vit avec son frère Hunter et son père Bug, qui les élève seul dans un squat au nord du Kent. Bug n’a pas beaucoup de temps à leur consacrer et Bailey, qui approche de la puberté, cherche de l’attention et de l’aventure ailleurs.
Mélange subtil de plusieurs univers
Avec Bird, nous sommes totalement dans l’univers de la réalisatrice Andrea Arnold, avec un réalisme social émotionnellement exacerbé, et des acteurs qui jouent souvent pour la première fois des personnages qui ne sont pas très éloignés de leur personnalité réelle. À cela s’ajoute, ici, des éléments oniriques qui permettent à l’obscurité ambiante de certaines situations de se dissiper et d’ouvrir certainement plus largement la compréhension du spectateur. Arnold tisse ainsi un fil narratif fait d’un mélange subtil entre réalisme grinçant et surréalisme. Reprenant plusieurs des thèmes qui ont attiré son attention au fil des ans, y compris la tournure animaliste de son précédent film, le documentaire Cow (2021), Bird ressemble à un retour qui devient un formidable pas en avant, qui devrait séduire un large public.
Point commun avec La fille à l’aiguille présenté le même jour dans la compétition, Bird interroge discrètement le rejet au sein de la famille, mais il développe aussi la question du lien, qu’il soit amical, familial ou amoureux.
Vrai coup de cœur personnel pour l’attachante Nykiya Adams qui interprète avec une intensité surprenante la jeune Bailey. Elle parvient efficacement à nous transmettre de sa vulnérabilité, mais aussi de sa rage et de sa combattivité.
Bird est un film qui bouscule par moment mais qui fait aussi et surtout beaucoup de bien, en particulier dans ce final qui nous rappelle une fois de plus que tout ira bien…