Emilia Perez, présenté à Cannes ce samedi est le dixième film (et son sixième dans la compétition – lauréat de la Palme d’or avec Dheepan en 2015) de Jacques Audiard qui, à 72 ans, continue de faire des merveilles sur grand écran. Cette fois-ci, il met en scène l’actrice espagnole transgenre Karla Sofia Gascón, le personnage d’Emilia Pérez, entouré de Zoe Saldaña, dans le rôle de l’avocate chargée de changer le destin du baron de la drogue, ainsi que Selena Gomez… et surprise, il s’agit d’une comédie musicale, très rock’n roll sur des airs de musique latine.

Surqualifiée et surexploitée, Rita (Zoé Saldaña) use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle : aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.

Pour tout vous dire, le synopsis ne me disait par grand-chose… et c’est donc à tâtons que je me suis rendu à la projection. Mais quelle claque ! Il y a du génie chez Audiard d’aborder un sujet comme la transsexualité de cette façon.

Son scénario est vraiment incroyable. Rendez-vous compte : une comédie musicale, chantée en espagnol, pour raconter l’histoire d’un chef de cartel sanguinaire obsédé par l’idée de changer de sexe pour retrouver sa vraie nature. Qui d’autre aurait eu cette idée folle ? Avec Audiard, c’est un cinéma sincère et émotionnel qui jaillit.

Emotion et suspense

Le film est captivant avant même que n’arrive sa principale révélation ; dès la première chanson, Emilia Perez séduit, surprend et vous accroche littéralement. Coup de chapeau d’ailleurs à la chanteuse Camille et à son compagnon, l’arrangeur Clément Ducol, qui signent la bande originale, protagoniste à part entière de ce film.

En plus de la musique et de l’émotion, Audiard fait d’Emilia Perez un vrai film d’action avec du suspense, tout en racontant une histoire étonnante de rédemption pouvant, à tout moment, se transformer en drame.

Audiard interroge le changement… dans quelle mesure les gens changent vraiment lorsqu’ils se transforment.

Dans le cas d’Emilia, sans doute moins qu’elle ne le souhaiterait, mais suffisamment pour inspirer des modifications positives dans la société. Se dévoile ainsi une forme de célébration du pouvoir du changement positif et un conte sur les conséquences profondes de la violence. Et, croyez-moi, rien n’est ridicule, tout prend forme et sens avec, il faut aussi le mentionner, un travail de l’image absolument magnifique. En plus d’être bon, Emilia Perez est un beau film !

Évidemment, nous n’en sommes qu’à la fin de la première semaine et tant d’autres films arrivent… mais Emilia Pérez ferait une bien belle Palme d’or.