A l’occasion de son cinquantième anniversaire, le Jury œcuménique a choisi de remettre un Prix spécial pour l’ensemble de son œuvre à Wim Wenders, présent lors de la cérémonie de remise du Prix, ce samedi 25 mai après-midi dans le salon des ambassadeurs du Palais des Festivals. Le réalisateur allemand, éduqué dans la foi catholique puis converti au protestantisme, était particulièrement heureux de cette reconnaissance qui le touche tout particulièrement.
Les critères de choix du Jury œcuménique : artistiques, humanistes et spirituels
Mais c’est une année particulièrement belle aussi avec le Prix 2024 décerné par ce Jury présidé par Julienne Munyaneza (Rwanda/UK), entourée de Magali Van Reeth (France), Pierre-Alain Lods (France), Edgar Octavio Rubio Hernandez (Mexique), Johanna Haberer (Allemagne) et Alexander Bothe (Allemagne). Car c’est, sans aucun doute possible, l’œuvre la plus forte, la plus marquante, cochant toutes les cases des critères artistiques, humanistes et spirituels qui structurent les échanges et le choix du Jury œcuménique, qui a été primée.
Les graines du figuier sauvage, l’œuvre du scénariste et réalisateur iranien Mohammad Rasoulof
La présidente du Jury a motivé le choix de son Jury en ses termes : « Quand la religion s’associe au pouvoir politique et au patriarcat, elle peut détruire les relations les plus intimes et la dignité des personnes, comme l’incarne ce drame familial iranien. Le jury a été sensible à sa richesse symbolique, son dénouement généreux et porteur d’une note d’espoir, ses touches d’humour et sa tension déchirante. Sa subtilité et la sobriété de son écriture, tant dramaturgique que filmique, en font une métaphore de toute théocratie autoritaire. »
D’autres films en résonnance avec les attentes du Jury œcuménique
Si une partie de la Sélection officielle en compétition a pu décevoir et si, globalement, beaucoup de films ont bien du mal à ouvrir des brèches d’espérance au cœur de thématiques assez ténébreuses où sexualité et violence sont mis en exergue, plusieurs pouvaient aussi répondre vraisemblablement aux attentes du Jury œcuménique et ont dû certainement susciter de passionnants échanges.
Je pense à La jeune femme à l’aiguille, à Bird, à Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, à La plus précieuse des marchandises ou bien sûr aussi Emilia Perez.
En tous les cas, un prix œcuménique 2024 qui ne manquera pas d’avoir une grande résonnance dans le monde, puisqu’il valorise une œuvre artistique totalement libre et éminemment politique à valeur parabolique ajoutée, dénonçant notamment une gouvernance théocratique qui opprime.
Il ne reste plus qu’à attendre ce soir le palmarès final dans lequel Rasoulof risque bien aussi d’être à nouveau récompensé.