Dans le chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris ce splendide tableau – Jean Jouvenet, Le Magnificat, 1716 – devait faire beaucoup d’effet. Il y déploie ses couleurs, son mouvement, la grande harmonie d’un monde où le céleste et le terrestre s’interpénètrent, où les humbles et les pauvres côtoient les anges dans une architecture majestueuse.
Ce baroque-rocaille dans toute sa gloire s’harmonise parfaitement avec la superbe élévation verticale des piliers gothiques qui prolongent vers le haut les regards humains.
La femme aux bras tendus dans son étonnant vêtement bleu rassemble par son geste tous les êtres vivants, les palais, les anges et les nuées célestes. Sa tête rayonne d’une lueur divine. Est-elle, comme le titre du tableau l’indique, la Vierge Marie exaltant sa joie et sa fierté de mettre au mode le Sauveur ou symbolise-t-elle l’Église ? Dans la spiritualité de l’époque, en effet, la foi catholique représentée par ses dorures, ses tableaux, ses monuments et ses peintures de maîtres exprimait l’unité harmonieuse d’une société chrétienne heureuse, vivante et magnifique.
La scène biblique mentionnée dans l’Évangile de Luc se situe dans la maison d’Élisabeth, la future mère de Jean-Baptiste que visite la jeune Marie nouvellement enceinte de Jésus. […]