Les célébrations de Noël sont proches. Cette période de réjouissances et de retrouvailles familiales sera cette année bien particulière… Elle sera sans doute à l’image de cette année 2020 ; étrange, sombre, triste, solitaire, incertaine et incomprise.
Je vous invite à découvrir l’intense et profonde interprétation de Psaumes par le compositeur américain Leonard Bernstein (1918-1990).
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- Psaume 108:2 « Urah, hanevel ! V’chinor ! » (Réveillez-vous, harpe et kinnor !)
- Psaume 100 « Hariu l’Adonai kol haarets » (Louez le Seigneur, tous les pays)
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- Psaume 23:1-4 « Adonai ro-i » (Le Seigneur est mon berger)
- Psaume 2:1-4 « Lamah rag’shu goyim » (Pourquoi les nations étrangères)
- Psaume 23:5-6 « Ta’aroch l’fanai schulchan » (Tu dresses devant moi une table)
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- Psaume 131 « Adonai, Adonai, Lo gavah libi » (Seigneur, Seigneur, pas hautain n’est mon cœur)
- Psaume 133:1 « Hineh mah tov, Umah naim, Shevet ahim, Gam yahad » (Vois comme est bonne, et combien plaisante, la réunion de frères bien ensemble)
Chichester Psalms est une œuvre de Leonard Bernstein commandée par l’évêque de la Cathédrale de Chichester, à l’occasion de son festival annuel en 1965. Ses trois parties sont composées d’extraits de Psaumes en hébreu. Cette œuvre est une urgente invocation pour la paix. A travers elle, par l’appel au réveil, par le chant de louanges, par l’expression d’horreurs et d’angoisses, ou par les supplications et la poésie, finalement une chose seule importe : l’Unité. L’unité à l’unisson.
Nous ne sommes pas le peuple hébreu. Nous ne sommes par même davantage les premiers chrétiens, ni les réformés du XVIIIe siècle. Nous ne sommes pas non plus nos frères et sœurs qui sont à l’autre bout du monde : souvent nos pratiques et nos théologies sont différentes. Ils peuvent être nos proches amis issus de notre propre Eglise : nous sommes différents. Alors, nous sommes seuls. Nous sommes seuls parce que nous sommes. Et nous sommes parce que nous sommes révoltés. Souvent, particulièrement en cette période troublée, nous sommes révoltés contre ce que nous ne comprenons pas ; nous sommes révoltés des autres qui ne nous comprennent pas davantage. Nous sommes révoltés de notre condition et contre ceux qui sont, selon nous, responsables. Certes, en étant des hommes et des femmes révoltés, nous existons dans notre petite sphère sociale et nous pensons ainsi avoir une existence justifiée et hautement légitime pour défendre nos valeurs – qui sont assurément les seules qui valent…
En cette période dans laquelle il ne nous est pas possible de nous rassembler, de nous réunir et de chanter ensemble, rappelons-nous de l’essentiel : seuls, nous ne le sommes pas tout à fait. Pas tout à fait parce qu’il nous est souvent trop difficile de ne pas voir sans nos yeux, de ne pas réfléchir avec des capacités que nous n’avons pas. Rien de plus naturel puisque nous sommes humains ! Trop souvent nous ne faisons confiance qu’à nos ressentis physiques et moraux. Il est certain que Dieu n’a pas la même définition de « l’être ensemble » que nous. La sienne ne peut être que beaucoup plus grande, beaucoup plus profonde, beaucoup plus vraie.
Urah !
« Réveillez-vous », chrétiens ! Comme le suggère Bernstein, à cours de vocabulaire italien, dans ses indications aux choristes dans Chichester Psalms, soyons « bêtement inconscient de la menace » (Blissfully Unaware of Threat) !
Sachons retrouver l’essentiel de l’Evangile. Que cette période de Noël soit pour nous le réveil d’une foi juste et éclairée, la renaissance d’une intelligence lumineuse. L’homme réveillé est invité dans la maison du Seigneur. Que nous puissions entendre ces chants puissants qui nous ont été chantés par David. Que notre âme soit apaisée et notre cœur rayonnant d’amour, d’espérance, de joie et de paix pour ce monde. Que chaque jour nous puissions être des acteurs, en avance sur notre temps, pour défendre la paix pour tous, la justice pour tous, l’amour pour tous.
Yahad !
Nous ne sommes pas seuls parce que nous écoutons. Nous sommes appelés à écouter Dieu, David, notre propre cœur et, surtout, les autres, quels qu’ils soient. Le chef d’orchestre Michael Slon écrivait, à propos du puissant appel « Urah, hanevel!« , que ces mots résonnent aujourd’hui comme « Sauvez la race humaine ! » Nous célébrons à Noël la naissance de Jésus venu pour nous sauver. Suivons son exemple et renaissons pour sauver l’humanité !