Le véhicule devient alors un refuge éphémère, une zone de confiance et de confidences pour des gens qui laissent tout derrière eux et n’ont plus qu’un seul objectif : retrouver une possibilité de vie pour eux et leurs enfants.

Ce documentaire se veut «à l’iranienne», c’est à dire tourné presqu’exclusivement en huis clos dans un véhicule, comme chez Panahi ou Kiarostami que le cinéaste admire. Se frayant un chemin entre les champs minés, celui-ci nous embarque comme passager à bord de son van pouvant contenir 6 à 8 Ukrainiens qui fuient leur pays. En effet, «envahi par un sentiment de désespoir et d’inutilité», il s’est au départ improvisé chauffeur pour évacuer surtout des femmes et des enfants ou des vieux, puisque les hommes qui étaient en âge de prendre les armes étaient mobilisés.

Après quelques allers-retours entre la frontière et Varsovie, il s’est enfoncé jusqu’à Kiev, Kharkiv ou Marioupol, en parcourant plus de 100.000 km en 6 mois et en évacuant plus de 400 personnes, sans jamais sélectionner ses passagers selon leur profil. C’est en percevant de son siège de conducteur des bribes […]