En s’approchant du tableau, le spectateur peut découvrir le lac Léman peint depuis Genève, la colline des Voirons sur la gauche, le Môle au centre devant les neiges du Mont-Blanc et le petit Salève sur la droite. «La singularité de La pêche miraculeuse réside dans son réalisme», explique Vincent Schmid.

Deux scènes bibliques

Le spectateur sera peut-être surpris par la double représentation de Pierre, sur la barque et dans l’eau. «Le tableau combine deux récits évangéliques: l’apparition de Jésus au bord du lac (Jean 21) et Jésus marchant sur les eaux (Matthieu 14). C’est une manière courante chez les peintres médiévaux de raconter plusieurs histoires à la fois et de représenter deux fois le même personnage», explique le théologien.

Si le lac fait partie des deux scènes représentées, c’est «un élément central de la scénographie évangélique». «Il se pourrait que cette omniprésence du lac nous dise quelque chose du «Jésus de l’histoire». Peut-être a-t-il existé une source orale spécifique, un «Évangile du lac» que chaque évangéliste aurait plus tard décliné à sa manière dans son récit», s’interroge le théologien. «La synthèse géniale de Konrad Witz le laisse imaginer». […]