Les origines du méthodisme

Jeune pasteur, John Wesley faisait partie d’un petit groupe de théologiens qui se retrouvaient à Oxford pour pratiquer un christianisme plus authentique au sein de l’Église d’Angleterre.

Influencé par la spiritualité piétiste des frères moraves, ce petit groupe s’appliquait des règles spirituelles rigoureuses. Afin de favoriser la vie intérieure, ils priaient ensemble, jeûnaient ensemble, communiaient ensemble.  Leur mouvement a attiré les quolibets de leurs adversaires qui, par dérision, ont qualifié leur pratique de méthode. John Wesley a accepté l’appellation qui a donné son nom au mouvement qu’il a initié.

Après un premier voyage missionnaire en Amérique qui a été un échec, Wesley a fait une expérience spirituelle forte lors d’une de ces réunions. Il a vécu une communion particulière avec le divin, comme une sorte de Pentecôte. Il confessera plus tard que ce jour-là il est devenu chrétien.

Il a tenu à faire partager cette expérience et a commencé avec son ami George Whitefield à organiser des réunions d’évangélisation en dehors des paroisses, là où les gens se trouvaient, sur leurs lieux de travail, sur les tertres des mines et dans les tavernes.

En grand organisateur, Wesley ne se contentait pas de prêcher l’évangile, il a mis au point une méthode en invitant ceux qui se convertissaient à se regrouper en cellules d’une quinzaine de personnes afin d’enraciner leur expérience spirituelle. Plusieurs cellules formaient une société, ce qui a permis au mouvement de se structurer progressivement.

Pour conserver l’unité entre les différentes sociétés, Wesley a formé des évangélistes itinérants qui répandaient la bonne parole et encourageaient les nouveaux convertis à persévérer dans leurs engagements. Le mouvement a subi des persécutions de la part de l’Église officielle qui comprenait mal cet engouement pour un christianisme qui sortait de ses cadres habituels. Des chapelles ont été détruites, des assemblées dispersées par la violence, des prédicateurs frappés. Comme souvent dans l’histoire, la persécution n’a fait que renforcer le zèle des méthodistes. Devant les oppositions, le fossé s’est creusé avec l’Église anglicane jusqu’au moment où Wesley a rompu avec ses origines pour fonder l’Église méthodiste.

John Wesley avait un tel sens de la mission qu’il a envoyé des évangélistes en Écosse, en Irlande et aux États-Unis. Il avait l’habitude de dire que le monde entier était sa paroisse. À sa mort en 1791, plus de 500 prédicateurs itinérants sillonnent le monde et plus de 100 000 méthodistes sont regroupés en cellules pour approfondir leur foi et répandre l’Évangile là où ils vivent.

Les grands principes méthodistes

John Wesley a été plus un évangéliste et un organisateur qu’un théologien qui a renouvelé la pensée protestante. Il avait l’habitude de dire qu’il n’enseignait rien qui ne soit anglican et que sa dissidence n’était pas doctrinale. Il s’est inscrit dans la théologie de la Réforme en insistant sur trois points.

Le sacerdoce universel des fidèles. Le point fort du méthodisme et la raison de son succès est la formation des laïcs afin qu’ils deviennent évangélistes à leur tour. La plus grande différence d’avec l’anglicanisme est que le méthodisme est un mouvement populaire qui part de la base, du peuple, pour répandre l’évangile. Ce n’est pas un hasard si William Booth, le fondateur de l’Armée du salut est issu du méthodisme.

L’insistance sur la sanctification. Wesley a toujours associé le salut par la grâce avec la foi sanctifiante. Il s’est référé à Luther quant à la justification, mais il s’est aussi appuyé sur les mouvements de sanctification. Il est en cela plus proche de Calvin que de Luther. Wesley insiste sur les effets de la grâce qui permet au fidèle de mourir progressivement au péché en se libérant de l’emprise des honneurs, de l’argent, de l’orgueil et de la convoitise. La foi est une illumination, mais la foi est aussi un chemin pour arriver à l’amour parfait.

Dans le méthodisme, la foi est indissociable des œuvres, notamment les œuvres sociales. Les méthodistes intervenaient dans les prisons pour soulager le sort des détenus et ont lutté contre les fléaux sociaux. Dès le XVIIe siècle, Wesley s’est élevé contre l’esclavage. En Afrique du Sud, les missionnaires méthodistes ont été très actifs dans la lutte contre l’apartheid à la différence de certains calvinistes qui le justifiaient au nom de leur doctrine de la prédestination.

Le méthodisme aujourd’hui

Après la mort de son fondateur, le méthodisme s’est structuré avec une liturgie propre, une organisation épiscopale, des sociétés bibliques, des facultés de théologie et des écoles populaires.

Après les États-Unis, les méthodistes se sont développés dans les Antilles où ils ont joué un rôle décisif dans l’émancipation des esclaves. Des missionnaires sont ensuite partis dans le monde entier. En France, le méthodisme s’est implanté au XIXe siècle, essentiellement en Normandie, dans la Drôme et dans le Gard.

Comme elles privilégient la vie pratique sur la théologie, les Églises méthodistes ont été actives dans les mouvements œcuméniques. Deux secrétaires généraux du Conseil œcuménique des Églises (Emilio Casto et Philip Potter) étaient méthodistes. En France, la plupart des Églises méthodistes ont rejoint l’Église réformée de France lors de sa fondation en 1938. Elles ont fait de même au Canada lors de la fondation de l’Église unie.

De nos jours, les méthodistes revendiquent 80 millions de membres. Ils sont bien implantés aux États-Unis et en Afrique. Selon les pays, les églises méthodistes ont conservé une identité évangélique marquée, ou bien se sont rapprochées des Églises plus traditionnelles, épiscopaliennes, presbytériennes et réformées.