Les grands principes anabaptistes
La réforme radicale s’inscrit dans la Réforme en général de par son attachement aux Écritures et sa méfiance vis-à-vis des médiations religieuses, mais avec des accentuations particulières.
Le baptême des adultes. Un des actes de naissance de la réforme radicale a été posé autour du baptême. En janvier 1525 à Zürich, des étudiants ont demandé à Zwingli d’aller jusqu’au bout de sa logique en prenant ses distances par rapport au baptême des enfants. Le réformateur a répondu en faisant adopter par le conseil de la ville une résolution confirmant l’obligation pour tous les enfants d’être baptisés avant l’âge de huit jours. Les étudiants ont répondu en se faisant rebaptiser dans la rivière qui arrose la ville le 21 janvier 1525. Ils ont pris le nom d’anabaptistes (ana, de nouveau), car ils ont été accusés de rebaptiser alors que la Bible dit qu’il n’y a qu’un seul baptême. Ils ont répondu que ce qui qualifie le baptême est l’engagement du baptisé à suivre le Christ, et que de ce fait le geste posé sur les enfants peut être qualifié de bénédiction, mais pas de baptême. Derrière le baptême de confessants, c’est une compréhension de l’Église qui se profile. Elle n’est pas un fait national comme dans la réforme magistérielle, mais le rassemblement des disciples qui se sont engagés à suivre le Christ.
L’attachement au sermon sur la montagne. Les anabaptistes considèrent l’éthique du sermon sur la montagne comme une des portes d’entrée du message chrétien. Elle se distingue par la non-violence (« Vous avez entendu qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas vous opposer au mauvais. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre » Mt 5.38-39), et le refus de prêter serment (« Vous avez encore entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras pas, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de tes serments. Mais moi, je vous dis de ne pas jurer du tout… Que votre parole soit « oui, oui », « non, non »; ce qu’on y ajoute vient du Mauvais » Mt 5,33-34,37)
L’éthique du Royaume de Dieu. Dans une perspective anabaptiste, le but de l’Église n’est pas d’instaurer le Royaume de Dieu sur terre, mais d’être témoin de la vie du Royaume proposée par le Christ. Les anabaptistes ne rejettent pas l’autorité civile, mais ils estiment que le but de l’Église est de former des disciples qui s’engagent à la suite du Christ à être témoin de la radicalité de son amour et de son don pour tous les humains. Ils ont développé un style de vie qui repose sur la justice, la non-violence et la sobriété.