La communauté protestante française va bientôt pouvoir se réjouir de compter un nouveau temple dans ses rangs. Et quel temple ! Celui de Champigny-sur-Marne, destiné à devenir l’une des vitrines protestantes de l’Est parisien (1). Un espace de rayonnement de près de 800 m², pas moins, situé face à la future gare de Champigny-Centre du Grand Paris Express sur la ligne 15, opérationnelle en 2025. Soit un emplacement stratégique, idéal pour « que tous les Campinois (résidants de Champigny) et habitants des territoires environnants connaissent la présence de notre communauté et notre témoignage chrétien », annonce le conseil presbytéral de l’Eglise protestante unie de Champigny-sur-Marne. Ce nouveau temple, conçu par l’architecte Marc Rolinet, spécialiste de la conception et de la construction de temples, est le résultat d’un projet d’envergure (2).

Un espace polyvalent

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts », regrettait en son temps le mathématicien anglais Isaac Newton (1642-1727), et bien en la circonstance, la paroisse protestante Campinoise construit un nouveau pont. Cet espace modulable de quelque 780m² sera multifonctionnel, et donc polyvalent, pour célébrer les cultes et organiser rencontres, débats, conférences, expositions et autres concerts. « Nous y ferons rayonner la parole singulière qu’offre le protestantisme dans le monde d’aujourd’hui », expliquent Rafi et Mary Rakotovao, tous deux pasteurs-missionnaires, comme ils se plaisent à le dire, de l’EpudF de Champigny. Arrivés sur place en juillet 2022, Rafi et Mary Rakotovao avaient auparavant exercé leurs ministères à Créteil.

L’histoire de la paroisse ? « Notre arbre généalogique nous rattache à l’église Sainte-Marie, aujourd’hui paroisse du Marais, lorsque Napoléon 1er décide en 1802 d’affecter cet édifice au culte protestant. Avec l’augmentation de la population parisienne et le mouvement du Réveil, Sainte-Marie engendre Charenton (1889) qui engendre Vincennes qui engendre Saint-Maur (1908) ; ces deux églises génèrent à leur tour en 1947 une mission sur Champigny en nommant M. Tourlonias colporteur biblique. A son départ en 1948, la paroisse compte déjà une centaine de familles mais il faudra attendre 1955 pour qu’un site définitif soit trouvé », peut-on lire dans les archives paroissiales de Champigny-sur-Marne. Au fil des ans, acquisition d’un terrain à Champigny, rue Jean-Jaurès, pour y construire un temple inauguré en 1958 ; En 1965, la paroisse, en constante progression, devient autonome (par rapport à celle de Saint-Maur) ; Et en 2005, début des opérations qui mèneront, quelque décennies plus tard, à l’accord avec Cogedim pour construire cette figure de proue du protestantisme français à l’Est de Paris. Autrement dit, un projet de longue date porté, entre autres, dans les années 2010 par Bernard Raynaud, à l’époque président du Conseil presbytéral de la paroisse de Champigny-sur-Marne. Sachant que la région protestante d’Ile de France est propriétaire du temple et la paroisse usufruitière.

Façade transparente

L’objectif, permettre aux quelque 48 000 usagers, qui passeront devant à l’horizon 2025, de remarquer l’édifice. Pas évident en cette période où, laïcité oblige, les contraintes en tout genre se multiplient. D’où la volonté d’une certaine neutralité.

« A l’origine, l’ambition architecturale était différente, l’apparence symbolique plus forte. Il a fallu évoluer en décidant d’intégrer le temple dans un immeuble, explique Marc Rolinet (3). Le temple se situe au rez-de-chaussée d’un immeuble bénéficiant d’une double hauteur, de plus de cinq mètres de haut. La façade sera donc très haute et entièrement transparente, puisqu’habillée de vitrages. Une colonne de 6 mètres équipée d’écrans numériques permettra de diffuser de l’information et sera visible de l’extérieur, car située derrière la façade vitrée. Sans oublier La croix huguenote stylisée qui sera installée en façade extérieure. »

Maquette du nouveau temple conçu par l’architecte Marc Rolinet

A l’intérieur, l’espace cultuel affiche une forme ovale, sur un sol légèrement incliné (comme pour la chapelle des Diaconesses de Versailles) avec les bancs installés autour en périphérie. Le bois est à l’honneur, et des persiennes verticales éclairent l’ensemble. On note la présence de deux grands panneaux coulissants pour agrandir, si nécessaire, l’espace. Car ce nouvel espace protestant affiche, outre sa mission cultuelle, une ambition culturelle. Expositions, conférences, rencontres et concerts y seront en effet organisés. Avec la possibilité de mettre les salles à disposition d’autres groupes. « Ce sera un lieu d’expression pour églises, œuvres et mouvements protestants attachés à une lecture historico-critique de l’Évangile de Jésus-Christ. La communauté veut porter le message de l’Évangile hors de ses murs », précise le conseil presbytéral. Le nouvel ensemble comprendra également deux salles de réunion, des bureaux, un appartement pour le pasteur, un autre de rapport et des places de parking.

Pour l’heure, le temple, tout en bois, se situe au 80 boulevard Gabriel Péri à Champigny. La paroisse accueille environ 70 familles. Pas loin de 40 jeunes, des plus petits aux futurs confirmés, sont inscrits à l’école biblique au catéchisme. Les pasteurs se réjouissent d’avoir baptisé douze personnes depuis le début de l’année dont sept enfants, trois adultes et deux catéchumènes. « La paroisse est dynamique et vivante. Nous avons 164 abonnés à notre lettre électronique hebdomadaire : e-Actu », apprécie Hervé Kouamouo, président du conseil presbytéral. Un dynamisme qui ne manquera pas d’être renforcé dès 2024. Le temple sera livré pour Noël, et culte d’inauguration se déroulera le 10 mars. Un beau programme de festivités est annoncé du 10 au 31 mars, dimanche de Pâques, pour fêter l’événement (concerts, conférences, diffusion de films …). « A nous désormais de continuer de transmettre le message protestant », concluent Rafi Rakotovao et Hervé Kouamouo.

Marie Piat

  1. Eglise protestante unie de Champigny-sur-Marne : 13 rue Jean Jaurès – Champigny-sur-Marne – 94500
  2. L’architecte Marc Rolinet a déjà construit de nombreux temples en France : Noisy le Grand, Châteney-Malabry, Ermont, Montbéliard, mais aussi la chapelle des Diaconnesses à Versailles. Marc Rolinet a également la charge de la rénovation actuelle du Temple Saint Martin à Montbéliard.
  3. L’immeuble comprendra également 128 logements.