Un temple chargé d’histoire
Membre de l’EPUDF, le temple parisien de l’Eglise protestante unie de l’Oratoire du Louvre serait, selon le Musée Protestant1, le plus chargé d’histoire à Paris2. C’est un fait, situé face au musée du Louvre, celui-ci voit son origine remonter à 1611 lorsque le prêtre Pierre de Bérulle fonde la congrégation de l’Oratoire de Jésus dont l’église, à l’architecture baroque, sera construite au fil des ans jusqu’en 1740. Une ancienne église catholique donc qui fut, en 1624, élevée au titre de Chapelle royale du Palais du Louvre par Louis XIII en personne. Désaffectée à la Révolution française, cette église deviendra en 1811, sur décret de Napoléon 1er, « le temple-cathédrale des protestants ». Ironie de l’histoire, les obsèques du Cardinal Richelieu, de Louis XIII et, enfin des reines Anne d’Autriche et Marie-Thérèse d’Espagne, guère connus pour leur soutien aux protestants, y avaient été célébrées, sans parler de Bossuet qui y déclamaient ses célèbres oraisons. Toujours est-il que cette église se présente, toujours selon le Musée Protestant, tel un vaisseau étroit et élevé avec, à son chevet rue de Rivoli, le fameux monument dédié à l’amiral Gaspard de Coligny assassiné le 24 août 1572. Dès 1882, cette paroisse protestante affirme une identité engagée dans le christianisme social et la théologie libérale, ouverte au dialogue avec la modernité.
Quelque 140 ans plus tard, l’Eglise Protestante Unie de l’Oratoire du Louvre affiche toujours une théologie libérale assumée et revendiquée par ses deux pasteures, Agnès Adeline-Schaeffer et Béatrice Cléro-Mazire respectivement arrivées il y a quatre et six ans à l’Oratoire. « Nous sommes attendues pour notre libéralisme, expliquent-elles en chœur. Mais nous sommes une paroisse d’élection, c’est pour notre théologie libérale que les gens choisissent de venir ici. A l’Oratoire, toutes les situations de vie sont accompagnées et nous aidons les uns et les autres à reconnaître la trace de Dieu dans leurs parcours de vie. » Pour mémoire, Agnès est, par ailleurs, aumônier des prisons et Béatrice, vice-présidente du CASP.
Activités multiples
Ceux qui quittent l’Eglise catholique, ceux qui sont en recherche de spiritualité, voire sans éducation religieuse, figurent souvent parmi les nouveaux paroissiens. Bref, une paroisse qui affiche son accord avec le monde moderne, et le temple d’accueillir de belles assemblées le dimanche. 2 200 familles sont concernées par l’Oratoire du Louvre. 5 800 personnes sont abonnées à la chaîne paroissiale You Tube. 80 enfants sont inscrits à l’Éducation Biblique, depuis l’Ecole biblique jusqu’à la préparation de la confirmation et une centaine d’enfants font partie de la troupe des scouts. « L’Oratoire du Louvre ne prétend pas donner la foi à vos enfants, ni leur inculquer une doctrine prête à croire … Mais nous mettons tout en œuvre pour permettre à vos enfants de devenir des lecteurs critiques et autonomes de la Bible », peut-on lire sur le site de la paroisse. Les baptêmes sont nombreux, tant pour les enfants que pour les adultes.
Les activités sont, du reste, multiples chacune revêtant un caractère prioritaire. « Le cœur de notre métier c’est la prédication qui est un lien entre toutes les activités de la paroisse », rappellent nos deux pasteures. En la matière difficile d’être exhaustif, notons cependant : Un culte mensuel en semaine (le mardi) avec repas et étude biblique autour de Béatrice Cléro-Mazire; Une pause spirituelle, assurée chaque jeudi de 12h30 à 13h30 par Agnès Adeline-Schaeffer consacrée à une lecture biblique, très appréciée des personnes isolées. Le groupe Théophile, mis en place il y a maintenant six ans, se réunit tous les deux mois le mardi de 19h30 à 21h. Une trentaine de personnes se retrouvent avec Béatrice Cléro-Mazire et son conjoint Jean-Pierre Cléro, professeur émérite de philosophie. « Un thème, des textes, deux approches en dialogue, l’une biblique, l’autre philosophique afin de croiser nos regards », explique Béatrice.
Partage et rencontre
Tous les deux mois également, Parole d’amour, en l’occurrence un déjeuner partagé pour retrouver et renforcer les liens qui unissent les uns aux autres. « Un temps intime, rappelle Agnès. Les participants peuvent échanger d’autant plus sur le plan personnel que ces séances ne sont pas enregistrées et encore moins filmées. » A l’ordre du jour également, Livres et Spiritualité, le dimanche une fois par mois. « L’idée consiste à donner envie de lire pour construire sa théologie, sachant que nous disposons d’une librairie au temple » précise Béatrice Cléro-Mazire. Sont déjà venus Thomas Römer et Frédéric Boyer pour « Une Bible peut en cacher une autre », François Vouga autour de « L’Evangile d’une femme » ou bien encore Lauriane Savoy avec « Pionnières ». Parmi les dernières activités mises en place, le Brunch libéral, lancé en septembre dernier, qui se déroule une fois par mois le samedi de 10h à 12h30.
« L’objectif de ces rencontres consiste à faire tomber les préjugés sur le libéralisme, explique Béatrice Cléro-Mazire. Le terme « libéral » recouvre des réalités assez différentes selon les disciplines qui l’utilisent. En théologie, ce terme a donné naissance à un mouvement de remise en question de la théologie classique en convoquant les données et découvertes des sciences humaines. » Pour chaque brunch, un invité parmi lesquels les pasteurs Gilles Castelnau, Christophe Cousinié, Émeline Daudé, Laurent Gagnebin, Louis Pernot …
Par ailleurs, chaque année en juin, l’Oratoire du Louvre ouvre ses portes pour une cérémonie interreligieuse lors de la Gay Pride, la « Veillée de la Marche des Fiertés ». « Car nous cherchons toujours à rejoindre chacun dans sa propre réalité. Nous ne détenons pas la vérité, nous la cherchons avec les paroissiens. Nous sommes des chercheurs et l’Esprit Saint nous guide », rappelle Agnès Adeline-Schaeffer.