Parmi ses nombreux parcours, le Musée protestant propose une promenade dans La Rochelle protestante, riche d’un fort ancrage historique, qui fut surnommée au 16ème siècle « Genève de l’Ouest », (1). L’Eglise Protestante Unie de La Rochelle entend bien s’appuyer sur cet ancrage, un bel atout, pour construire son ambition missionnaire.

« Pour continuer de rêver notre Église ensemble » : belle espérance affichée par l’Eglise Protestante Unie de La Rochelle qui souhaite donner une nouvelle dimension à l’accueil (2). Un joli défi pour le protestantisme rochelais dont les origines remontent aux premiers temps de la Réforme, vers 1525, avec édification du premier temple en 1558. A l’origine de cette réflexion de l’EpudF de La Rochelle, le succès des opérations estivales des « Portes ouvertes » du temple de cette ville portuaire ô combien touristique (4 millions de visiteurs chaque année). C’est ainsi que le conseil presbytéral a décidé de « réfléchir à un vaste projet impliquant toute la communauté : une démarche de renouvellement de son témoignage dans la ville. Avec, en perspective, la volonté d’améliorer l’accueil, de réfléchir au sens que nous voulons lui donner, aux confins de la bienveillance, du confort et de l’évangélisation », peut-on lire dans le Lien rochelais, magazine de la paroisse. Pour ce faire, un forum de réflexion le 6 février dernier et un autre prévu le 10 avril prochain rassemblent les idées des paroissiens, afin que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice. « Il s’agit d’imaginer l’Eglise que nous voulons vivre en nous appuyant sur nos atouts, en particulier l’expérience de l’accueil des touristes chaque été de juin à septembre », explique Geoffroy Perrin-Willm, pasteur à La Rochelle depuis 2019 après neuf ans passés à Nancy. Sachant que le temple, et le musée protestant qui s’y rattache, sont idéalement situés dans le centre historique de la ville (3).

Accueillir le curieux

Dès lors, comment améliorer l’accueil ? « En faisant en sorte que les visiteurs trouvent dans ce lieu non seulement de quoi nourrir leur curiosité, mais quelque chose qui pourrait être de l’ordre de la foi, de leur expérience de l’Évangile. Le verset de la première épître aux Corinthiens est inscrit en exergue dans notre projet d’Église : « Moi Paul j’ai planté, Apollos a arrosé, et c’est Dieu qui fait grandir ». Les gens passent, Dieu nous place là, On peut planter, on peut accompagner et le reste appartient à Dieu. Nous sommes dégagés d’une obligation de résultat, c’est libérateur. Mais c’est aussi une responsabilité : nous avons une parole à dire, quelque chose à partager. Il faut se sentir investis par le Seigneur de cette mission de partager l’Évangile. » Il est vrai que le temple de La Rochelle, ancienne église catholique des Récollets, acheté par les protestants après la Révolution, offre un bel espace pour accueillir le curieux. La première étape consiste donc à améliorer l’aménagement, tout en repensant l’éclairage, l’affichage, le mobilier et la convivialité. Par ailleurs, au-delà de ces aspects matériels, Geoffroy Perrin-Willm et le conseil presbytéral souhaitent proposer un temps de formation aux accueillants, assuré par plusieurs intervenants, sur, entre autres, les aspects relationnels et la communication. Un historien devrait également entrer dans la course. « Notre communauté a besoin d’être nourrie, édifiée, encouragée et formée spirituellement. Savoir comment parler de la foi chrétienne, voire de sa propre foi. », précise Geoffroy Perrin-Willm. Un projet soutenu par la Fondation FLAM.

L’Aubreçay

Ce projet global autour de l’accueil témoigne de ce qui anime cette paroisse de quelque 450 foyers. Une communauté très diverse, à l’image des églises d’aujourd’hui. La catéchèse se déroule une fois par mois, lors d’un culte pour les familles, et s’étend sur la journée avec un repas en commun, des ateliers pour les enfants et un temps de partage pour les adultes. Par ailleurs, la paroisse a, comme tant d’autres en France, instauré le principe du culte en direct sur YouTube et d’un montage d’une version plus courte axée sur la prédication. Par ailleurs, cette nouvelle dynamique d’Église pourrait aussi être portée par un autre projet mené par l’Entraide protestante de La Rochelle. L’idée consiste à s’appuyer sur un petit domaine à l’Aubreçay, aux portes de La Rochelle (legs consenti à l’Entraide en 1916) afin d’agir contre la précarité alimentaire tout en favorisant les circuits courts. Au programme, exploitation d’une partie des terres en maraîchage, mise en place de jardins partagés et d’ateliers de cuisine, vente de paniers solidaires à petits prix… Les Éclaireurs unionistes se réunissent déjà régulièrement sur le site pour leurs activités, et le futur déploiement du label « Église verte » pourrait trouver là une caisse de résonnance. « Le projet de L’Aubreçay associera les acteurs locaux. Tout est encore en chantier. Nous voulons baliser tous les aspects avant de nous lancer afin de réussir ce nouveau défi. Le démarrage se fera donc en douceur », explique Geoffroy Perrin-Willm. Une ambition fédératrice stimulante qui pourrait bien servir d’exemple.

(1) Musée protestant : www.museeprotestant.org
(2) Epudf de La Rochelle. Centre protestant Jeanne d’Albret. 2 rue du Brave Rondeau – 17000 La Rochelle. 05 46 41 14 20. Temple et musée : 2 rue Saint-Michel -17000 La Rochelle.
(3) Fondé en 1931 par le pasteur Samuel Eynard, le musée rochelais d’histoire protestante a été entièrement rénové en 1995 et installé autour d’un jardin intérieur dans des salles annexes du temple. Il présente une riche collection de documents, gravures et objets divers qui évoquent l’histoire du protestantisme à La Rochelle, en Aunis et en Saintonge (www.protestantisme-museelarochelle.fr)

Photos : © Patrick Balas