C’est en 2021, au cœur du confinement, que l’Église protestante unie de Roubaix a fêté ses 150 ans (1). Pas étonnant que ce temple bâti en briques rouges entouré de deux bâtiments, et surmonté d’un clocher typique de l’architecture du Nord ait retenu l’attention de la Mission Bern. C’est ainsi qu’il fut sélectionné, dans le département du Nord, à l’occasion du loto du patrimoine en 2020.
Construit en 1871, ce temple succède à un autre plus petit bâti dans les années 1840. « Le bâtiment est inscrit aux monuments historiques, au cœur du quartier des Arts, raconte le site de la paroisse. Grâce à la Mission Bern, à la mobilisation de toute la communauté et la solidarité de nombreux mécènes, le temple a pu secouer, pour ses 150 ans, toute la poussière qui le recouvrait et se rénover.
Un temple établi en plein développement de l’activité économique du textile. « A cette époque, notre communauté protestante s’est développée en même temps que l’industrie textile de la ville. De nombreux immigrés, issus des Flandres ou des Pays-Bas se sont alors installés à Roubaix. A la fin du 19ème siècle, Roubaix était la grande ville la plus riche de France. Aujourd’hui c’est la plus pauvre », constate Sandrine Maurot, pasteure arrivée il y a sept ans dans cette paroisse qui venait de connaître une longue vacance pastorale.
Chantiers participatifs
Un contexte économique actuel pour le moins compliqué qui n’a pas découragé Sandrine Maurot, bien au contraire. Pour ce faire, l’inclusivité est au cœur du projet de la paroisse de Roubaix. « Chacun est accueilli tel qu’il est et aimé par Dieu. Chaque personne peut développer sa vocation propre. Les portes de notre communauté sont grandes ouvertes », explique notre pasteure qui exerce à Roubaix son premier ministère.
Une volonté clairement affichée sur le site de la paroisse (www.roubaix.epudf.org). Depuis la déclaration de foi mise en exergue qui souligne que « quelle que soit notre histoire, nos forces et nos blessures, nous avons pleinement notre place dans l’Église universelle. » A l’Arc-en-Ciel, « un espace ouvert rattaché à la paroisse de Roubaix où chaque personne est reçue avec bienveillance, sans jugement et sans désir de la réduire ou de la convertir à une norme quelle qu’elle soit. »
C’est sur ce postulat de base que Sandrine Maurot a mis en place de nombreuses activités.
Approfondissement biblique, garderie pendant le culte, éveil biblique, cultes musical et arc-en-ciel suivis de repas partagés, boutique solidaire au sein de l’Entraide, et atelier cuisine. Des chantiers participatifs également réunissant les paroissiens pour rénover la salle communautaire et entretenir le jardin.
« La vie en Église repose sur le bénévolat, rappelle Sandrine Maurot. Nos chantiers participatifs permettent aux membres de l’Église de faire ensemble ménage, bricolage et jardinage, et même des travaux de tri que l’on peut faire assis, pour intégrer les plus âgés. Vers midi, un déjeuner joyeux réunit tout le monde autour d’une grande table. »
Le temple participe à la vie de la cité via l’Entraide protestante et l’association des Amis de l’Orgue qui propose spectacles et concerts.
La paroisse de Roubaix s’est aussi lancée dans la diffusion de podcasts. Après les mini-cultes (pendant le confinement), sont venues se rajouter lectures bibliques et prédications, diffusées régulièrement, au fil de l’année liturgique. A l’affiche également, la rubrique « Paroles en Liberté » qui donne la parole à des protestants, connus ou pas, ainsi qu’à des amis de l’Église, sur le thème de leur choix, qu’ils explorent en quelques minutes. Telle « Une exploration poétique et spirituelle du mot soif. » Les nombreuses photos du site paroissial témoignent du dynamisme de la communauté.
Cet accueil inconditionnel a donc fait ses preuves en permettant d’arrêter l’érosion du nombre de paroissiens. De fait, la paroisse accueille régulièrement de nouveaux membres, environ cinq chaque année. « L’hémorragie est stoppée », se réjouit notre pasteure. Il n’y a maintenant jamais moins de 40 personnes par culte et de l’ordre d’une centaine pour les grandes fêtes. Et la pyramide d’âge de diminuer avec, aujourd’hui, une majorité d’adultes de 30 à 60 ans dont la plupart sont en activité.
Alors, ainsi que le propose la paroisse, rendez-vous sous le pommier. « En référence au petit pommier du jardin du temple de Roubaix, qui a été donné et qui porte déjà de gros fruits. Mais surtout comme un clin d’œil à la citation attribuée au réformateur Martin Luther qui appelait à l’espérance, au 16è siècle : « Si l’on m’apprenait que la fin du monde est pour demain, je veux quand même planter aujourd’hui mon pommier. » pour puiser la force du quotidien dans la sève biblique ! »
(1) Église Protestante Unie de Roubaix-Tourcoing. 27-31, rue des Arts – 59100 Roubaix. 03 20 70 57 71. Courriel : secretariatepudf@gmail.com
L’EPUdF de Roubaix poursuit la rénovation de ses bâtiments. Pour faire un don, se rendre sur le site : roubaix.epudf.org