Il y a une quinzaine d’années, le pasteur Laurent Schlumberger publiait un livre intitulé « Sur le seuil ». Il invitait l’Église à considérer que sa vraie identité ne se trouve au niveau du cœur de ses activités, mais sur le seuil, ce lieu où elle écoute et accueille les questions et les doutes des hommes et des femmes qui se situent à ses marges.

Dans la même veine les éditions jésuites Lessius viennent de rééditer en collection poche un petit livre intitulé « ces fidèles qui ne pratiquent pas assez » qui cherche à questionner l’opposition entre pratiquants et non pratiquants. Cette opposition vient de la sociologie qui a besoin d’un critère objectif pour mesurer les évolutions sociales en matière religieuse, mais elle n’est pas opérante au niveau théologique.

Trop souvent nous avons fait nôtre cette opposition et considérons que les bons protestants sont ceux qui viennent régulièrement au culte, alors que les autres ne sont que des “sociologiques ».

L’intérêt de ce livre est de mettre en évidence que dans les évangiles nous trouvons plusieurs cercles : les douze apôtres, les disciples, les sympathisants, les foules… Lorsque Jésus guérit un homme ou une femme, la plupart du temps il ne l’invite pas à le suivre, mais il le renvoie chez lui. Il lui est arrivé de dire à un centurion romain et à une femme cananéenne qu’ils ont une grande foi, ce qu’il n’a jamais dit à ses plus proches apôtres qui sont souvent vilipendés pour leur mauvaise compréhension. Autant dire que l’évangile déconstruit l’opposition entre dedans et dehors.

En ce qui me concerne, j’essaye d’être fidèle à mon église locale car je pense que ça a du sens et que cela nourrit ma foi, mais je me dois d’entendre que l’Église est plus grande que les limites que je veux lui assigner. Il existe dans les associations et dans des relations courtes des engagements qui témoignent d’une générosité spirituelle plus grande que la mienne. Cela me réjouit de croire que la présence de Dieu dans le monde ne se réduit à ce que vit mon Église.

Aux pharisiens qui pensaient être du bon côté de la fidélité, Jésus a déclaré que des pécheurs et des prostituées les devanceront dans le Royaume de Dieu[1].

[1] Mt 21.31.