Dans l’évangile de Jean, lorsque Jésus annonce la Pentecôte à ses disciples, il dit à propos de l’Esprit : « Quand il sera venu, lui, il confondra le monde en matière de péché, de justice et de jugement » (Jn 16.8). Le mot jugement (krisis en grec) évoque la séparation entre le bien et le mal, le vrai et le faux, on peut le comprendre comme une lucidité radicale.
Vivre de l’Esprit de Pentecôte, c’est avoir cette exigence d’une lucidité radicale sur nos différents engagements.
Sur l’Église, celle que je connais le mieux est l’Épudf et elle est en grande souffrance. Quelques points :
- Dans certaines églises, il n’y a plus un seul enfant en catéchèse.
- Dans l’Église de mon village qui est un regroupement de plusieurs paroisses, il y a plus de temples que parfois de monde au culte.
- Parmi les quelques fidèles qui assistent au culte, 90% des participants sont des retraités.
- Même au niveau sociologique, les luthéro-réformés sont deux fois moins nombreux que les évangéliques selon les dernières enquêtes.
- Les autorités se félicitent que de nombreux pasteurs ne sont pas originaires de l’Épudf, mais ça veut aussi dire que l’Église ne suscite pas de vocations pastorales en son sein.
- Dans les facultés de théologie, il n’y a presque plus de théologiens qui ont une audience en dehors du tout petit milieu de l’Église.
Est-ce que l’Église va mourir ? Pas tout de suite, car elle a encore de beaux restes dans les grandes villes, mais si elle meurt, ce n’est pas grave car l’Évangile, lui, ne mourra pas. Je ne suis pas sûr que dans un siècle l’Épudf en tant qu’institution existe toujours, mais je suis sûr qu’il y aura toujours des hommes et des femmes qui vivront de la théologie de la grâce.
Et puis l’Esprit nous libère de la prétention de faire l’histoire. Un théologien que j’aime bien, Woody Allen, disait : « Une des choses qui font le plus rire Dieu, c’est quand l’homme lui parle de son avenir ! » L’Esprit nous appelle à la fidélité aujourd’hui, demain ne nous appartient pas.