J’ai grandi dans les églises évangéliques et chaque dimanche, j’étais instruit dans la foi chrétienne par mes moniteurs, monitrices qui m’abreuvaient d’histoires de la Bible et d’applications pratiques pour la vie de tous les jours. J’y ai reçu une belle culture chrétienne et je leur en suis profondément reconnaissant. Mais de toutes ces années, je ne garde aucun souvenir d’avoir appris à prier le « Notre Père », pas plus que je ne garde le souvenir de l’avoir prié en assemblée.
Cette prière me semblait plus appartenir aux films et à l’Église catholique. C’est en découvrant les Églises Réformées Évangéliques que j’ai redécouvert cette prière appliquée à la liturgie. C’est aussi par ce biais que je l’ai apprise par cœur. Je me souviens avoir ressenti une puissante impression d’appartenance qui s’est confirmée au fil des années lors de rencontres inter-églises et de célébrations œcuméniques où cette prière était reprise par tous. Le Notre Père est un lieu commun de la foi chrétienne, un endroit que tous les chrétiens connaissent et dont ils peuvent retrouver le chemin facilement. Un lieu qui appartient à tous et à personne en particulier. C’est un refuge, comme un abri dans lequel se réfugier lorsqu’on est perdu. C’est une prière parfaite lorsqu’on ne sait plus quoi dire. Quelque chose avec lequel on ne va pas se faire mal, ni faire du mal pour peu qu’on reste sincère.
Jésus nous a laissé sa vie en exemple, et les évangélistes nous ont rapporté plusieurs des prières qu’il a prononcées. Mais de toutes les prières de Jésus, celle-ci est la seule qu’il nous a donnée. Elle est à nous et pas à lui. Jésus ne demande jamais pardon à son Père, car il ne pèche jamais ; Jésus n’a pas besoin d’être gardé du malin, car il l’a vaincu. Cette prière est donc pour nous-même si elle vient de lui. Qu’allons-nous en faire ? Comment l’intégrer à notre vie de foi, personnelle collective ? Comment la transmettre et peut-être comment ne pas la gâcher en la réduisant à une formule magique ou en l’oubliant sur une étagère ?