Pensez ! Pas moins de trois chapelets successifs, eux-mêmes composés de cinq « dizaines » (dix Ave Maria précédés chaque fois d’un Notre Père et suivis d’une doxologie : « Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit »). Un rosaire entier, c’est donc 3 x 5 x 10 = 150 Ave Maria ! Autant que de psaumes et ce n’est pas un hasard : le rosaire, dès son origine médiévale, a été conçu comme le psautier des illettrés. Cette dévotion au long cours semble faire de Marie la quatrième personne de la Trinité – ou la première puisque, mathématiquement, dans le rosaire, on la prie dix fois plus que le Père, le Fils ou le Saint-Esprit !
Mais en fait, comme nous l’expliquait… il y a plus de soixante ans, notre maître des novices (pendant un bref essai non transformé pour moi de vie cléricale), le rosaire n’est pas, quoi qu’il paraisse, une prière à Marie, mais surtout une méditation des « mystères » du Christ : Incarnation, Passion, Résurrection1, la récitation mécanique des Ave Maria servant essentiellement à donner le tempo de la prière : il faut donner le même temps à chaque élément du parcours du Christ, donc : ne « sauter » ni « éterniser » tel ou tel.
Ainsi compris, rien n’empêche un huguenot bon teint d’adopter le rosaire et de méditer ces « mystères » du Christ… sans réciter un seul Ave Maria (dont les paroles constituent un pieux détournement du texte de l’évangile). Ainsi en est-il, par exemple de ces épisodes que les catholiques appellent les […]