Noël est la fête des enfants… comme tous les grands-parents, rien ne me réjouit plus que de voir leur attente, leurs sourires, leur joie devant la fête et la perspective des cadeaux. On joue à leur parler du Père Noël et ils font semblant d’y croire. Bien sûr, nous savons bien que ce n’est pas la vraie vie, la vraie vie, elle se joue dans les Ehpad, dans les salles de réanimation et les foyers de l’Armée du Salut. C’est là que l’Évangile trouve sa pertinence.

Dans l’évangile de Luc, Jésus né dans une étable d’un couple qui est sur les routes de l’exil. Dans l’évangile de Matthieu, sa naissance a provoqué le massacre des enfants de Bethléem. Par un habile retournement, notre société a fabriqué l’antonyme du Jésus des évangiles en présentant un Père Noël replet et souriant, la hotte pleine de tous les produits de consommation dont notre monde nous fait croire qu’ils sont nécessaires à notre bonheur. Noël est une belle fête, mais est-ce qu’il ne faudrait pas sortir de l’ambiguïté et dans un élan de lucidité dire ce qu’elle est : une fête païenne, ou au moins athée du Jésus de l’évangile.

Je ne vais pas être hypocrite : le grand-père que je suis aime Noël, mais le croyant que je suis aussi sait bien que si la fête est une occasion de reconnaissance – et la reconnaissance est au fondement de la foi – la façon de la célébrer n’a pas grand-chose à voir avec le Christ des évangiles.

Le miracle incroyable… peut-être le vrai miracle de Noël, c’est qu’il arrive que les extrêmes se rejoignent.