07.08.2022 : Luc 12.32-48 – Parabole sur la vigilance
Introduction
Dimanche dernier, nous avons médité la parabole du riche insensé qui est seul avec son argent et qui a gâché sa vie à vouloir trop la gagner. Cette semaine, le premier enseignement est une réponse à cette parabole : Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où aucun voleur n’approche et où aucune mite ne ronge.
Il y a les richesses en argent qu’on peut perdre par un revers de fortune et les richesses en relation, en foi et en confiance qui sont éternelles. Rien ne pourra nous ôter les dons et les actes de générosité que nous avons faits.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
Titre : N’aie pas peur petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume
La première Église s’est reconnue dans l’image du petit troupeau. Elle n’était alors qu’un petit rassemblement d’hommes et de femmes qui ont été bouleversés par l’Évangile. Ce tout petit troupeau a conquis l’Empire romain. De nos, jours les fidèles peuvent encore se reconnaître dans cette image. Ce qui fait la richesse de l’Église, ce n’est pas sa puissance, mais son espérance, c’est la conviction qui est la sienne qu’un Royaume lui a été confié.
Titre : La ceinture aux reins et les lampes allumées.
Jésus ne cherche pas des théoriciens qui trouvent que les idées de l’évangile sont intéressantes, mais des serviteurs qui ont attaché leur ceinture et allumé leur lampe. Il ne cherche pas des croyants passifs, mais des disciples, des hommes et des femmes qui sont prêts à se mettre en route et à mettre l’Évangile en pratique.
Pistes d’actualisation
1er thème : Appel à la vigilance
La parole qui demande au serviteur de se tenir prêt est un appel à la veille. Il faut être prêt car on ne sait pas à quelle viendra le voleur. Cela ne veut évidemment pas dire qu’il ne faut pas dormir. Jésus savait dormir, même au milieu des tempêtes. Cela veut dire qu’il faut maintenir sa lampe allumée.
Un Père du désert raconte : Soit une lampe, même en bon état, qui ne reçoit pas sa ration d’huile. Au bout d’un peu de temps, elle va sûrement s’éteindre et l’obscurité l’entourera. Il se peut même qu’une souris vienne pour en grignoter la mèche, maintenant qu’elle ne dégage plus la chaleur.
En tirant sur la mèche pour la manger, la souris risque de renverser la lampe. Et comme elle est en argile, le plus souvent elle se casse.
Il en est de même avec l’homme qui ne prend pas soin d’entretenir sa flamme. En lui la chaleur de l’Esprit se fait faible, et il arrive que des souris le mordillent, puis le renversent.
Veiller, c’est entretenir sa flamme.
2e thème : Le serviteur servi
Celui qui maintient sa mèche allumée et qui reste serviteur s’aperçoit que son maître se met lui aussi en tenu de travail pour le servir. C’est le renversement du lavement des pieds, le maître est celui qui s’agenouille au pied de ses disciples.
Plus on est serviteur du Christ, plus on comprend qu’il a tout donné et que c’est lui qui nous sert. C’est le grand renversement de l’évangile dans lequel les vrais grands sont les petits, les maîtres sont les serviteurs et les riches sont ceux qui ont tout donné.
3e thème : À quiconque il a été donné, il sera demandé
Le dernier verset est un appel à la responsabilité. Les derniers versets du passage sont une interpellation sur les dons qui nous ont été confiés. Ils nous invitent à sortir de la comparaison et à nous poser la grande question du disciple : Quels sont les dons qui m’ont été conifés et comment je les mets au service de l’Évangile.
Chez les Pères du désert, on interroge un ancien pour savoir comment être un chrétien authentique. Il a répondu : « L’Écriture raconte qu’Abraham pratiquait l’hospitalité et que Dieu était avec lui ; qu’Élie aimait à prier seul et que Dieu était avec lui ; que David était humble et que Dieu était avec lui. Par conséquent tout ce que ton âme désire accomplir selon la volonté de Dieu, fais-le ! » Cet apologue nous invite à repérer ce qu’il y a de plus profond en nous et à le mettre au service de Dieu.
Une illustration : Des bourses qui ne s’usent pas.
Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, au XVe siècle en Espagne, le roi avait un ministre des finances juif et prospère. Il était jalousé et des propos antisémites circulaient à son sujet. Des conseillers l’ont accusé de s’enrichir avec l’argent du royaume. Le roi a demandé à son ministre de lui faire le compte de sa fortune personnelle. Trois jours plus tard, le ministre se présente devant le roi et lui indique une somme pas très élevée. Le roi lui dit : « Tu te moques de moi, ta maison à elle seule vaut plus que l’argent que tu annonces. » Le ministre répond : « La somme que je t’ai indiquée représente ce que j’ai donné aux œuvres, pour la charité et la justice, depuis que je suis ministre : cela seul m’appartient. Tous mes autres biens, tu peux me les confisquer demain, mais personne ne peut me prendre ce que j’ai déjà donné. Ce sont là mes seules vraies richesses. »
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis