Chaque jour, la vie nous confronte à une multitude d’enjeux. Fatigués, dépassés, parfois perdus, nous pouvons soudain basculer dans des moments où tout semble s’effondrer. Ces crises, ces échecs, ces renoncements font partie de nos parcours, y compris spirituels. La vocation, cette mission qui nous appelle, peut vaciller face aux obstacles.

Prenons l’exemple de l’apôtre Pierre, figure biblique célèbre : un homme fort, engagé, qui a connu une chute dramatique, un reniement qu’on pourrait qualifier d’échec terrible. Pourtant, l’histoire de Pierre ne s’arrête pas là. Après ce moment de faiblesse, il reçoit de Jésus une triple question « M’aimes-tu ? » qui lui offre une forme de rédemption et une nouvelle chance. Ce récit illustre une vérité essentielle : un échec, même profond, n’est pas forcément une condamnation à vie. La possibilité de se relever, de repartir, existe.

Dans la vie contemporaine, notamment chez ceux qui portent une vocation spirituelle comme les pasteurs ou missionnaires, les crises sont fréquentes. Beaucoup se découragent, abandonnent leur ministère, car la réalité du terrain est rude. Ces épisodes difficiles provoquent un questionnement profond : où est Dieu dans ces moments d’épreuve ? Suis-je abandonné ?

Il faut accepter que certaines périodes demandent du recul. Parfois, la seule solution est de se mettre en retrait, de se retirer pour se ressourcer. Le désert, dans la Bible, symbolise ce lieu de rencontre avec Dieu, un espace hors du temps et des pressions quotidiennes. Ce n’est pas un abandon, mais une phase nécessaire pour retrouver la force et la clarté.

De plus, les échecs ne sont pas toujours des fautes morales ; ce sont aussi des projets qui n’aboutissent pas, des portes qui se ferment. C’est le cas de l’apôtre Paul, empêché d’aller là où il voulait, obligé de changer de route après un rêve mystérieux. Cette expérience illustre comment des limites humaines ou des obstacles peuvent ouvrir de nouvelles voies inattendues.

Il est vital de reconnaître que ceux qui accompagnent spirituellement doivent aussi être accompagnés. Le rôle de pasteur ou de missionnaire n’exclut pas la fatigue, le besoin de soutien et de soin. Parfois, il faut savoir se laisser porter, se retirer pour mieux revenir. Ainsi, dans la vocation comme dans la vie, les moments de crise sont autant d’opportunités pour renaître, réinterpréter son appel, et retrouver Dieu au cœur même des épreuves.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Frédéric de Conink
Entretien mené par : Jean-Luc Mouton
Technique : Horizontal Pictures