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00:07 Lecture de Luc 1, 26-38
02:11 Introduction
02:35 Points d’exégèse
05:47 Actualisation
08:59 Illustration
20 décembre 2020 : Lc 1.26-38 – 4e dimanche de l’avent
L’annonciation à Marie
Introduction
Le récit de l’Annonciation à Marie est un des plus connus de l’évangile à cause de ses représentations picturales.
Exprimé sous une forme narrative, il fonde l’Évangile en annonçant un Dieu qui quitte son ciel pour venir habiter au milieu des humains, un Dieu dont la gloire et la majesté consiste à entrer dans l’épaisseur de notre humanité.
La rencontre entre le divin et l’humain passe par une jeune fille d’Israël dont on ne sait rien sinon qu’elle est fiancée.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
Marie de Nazareth
Marie est une jeune fille qui réside dans une bourgade inconnue – Dans l’évangile de Jean, Nathanaël se demandera ce qui peut venir de bon de Nazareth (Jn 1.46) – et dont on ne connaît pas la famille à la différence de Joseph qui est fils de David.
Un indice dans notre texte l’inscrit dans une filiation avec une femme du Premier Testament. Le verset qui dit : « Tu vas être enceinte ; tu mettras au monde un fils et tu l’appelleras du nom de Jésus » (1.31) est la reprise mot à mot de la parole de l’ange à… Hagar : « Te voici enceinte ; tu vas mettre au monde un fils, et tu l’appelleras du nom d’Ismaël » (Gn 16.11). Luc fait de Marie une nouvelle Hagar qui a été une femme esclave, propriété sexuelle du mari de sa maîtresse. Dans son cantique, Marie chantera un Dieu qui élève les humbles. (Lc 1.53)
Marie et Zacharie :
Marie répond à l’ange : Comment cela se produira-t-il, puisque je n’ai pas de relations avec un homme ? (1.34). Son objection ressemble à celle de Zacharie : À quoi le saurai-je ? Car, moi, je suis vieux, et ma femme est avancée en âge (1.34). Pourtant l’ange a puni Zacharie pour son manque de foi alors qu’il est plus indulgent avec Marie. Pourquoi ? Peut-être est-ce parce que Zacharie est un prêtre âgé qui avait une longue vie de foi alors que Marie est encore une toute jeune fille. La réponse de Zacharie montre qu’il est dans une routine spirituelle, alors que Marie est prête à s’étonner.
Pistes d’actualisation
Le féminisme de Luc
Les évangiles de Matthieu et de Luc présentent la naissance de Jésus du point de vue de Joseph pour le premier et de Marie pour le second. On connaît mieux la version lucanienne alors que c’est la plus étonnante. Dans la Bible comme dans la culture de l’époque, les hommes généralement sont plus identifiés par leur père que par leur mère. Ça se repère dans les généalogies qui sont toutes patrilinéaires.
La place accordée à la foi de Marie entre bien dans la perspective de Luc qui est l’évangile qui accorde la plus grande place aux femmes.
La naissance virginale
Parmi tous les miracles de la Bible, un qui est particulièrement difficile à croire est que Jésus aurait été conçu par l’opération du Saint-Esprit, sans l’intervention d’un homme.
Le texte dit exactement : « L’Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. » L’ombre évoque la présence mystérieuse de Dieu. Luc utilise un langage imagé pour évoquer une conception mystérieuse, qu’on ne peut décrire.
Les récits sur l’origine de Jésus sont à lire dans le registre de l’angélologie plus que de la gynécologie. L’ange annonce alors que le gynécologue ausculte. L’important n’est pas la façon dont Jésus a été conçu, mais l’annonce qu’en lui, la Parole est devenue chair et qu’elle a fait sa demeure parmi nous, pour reprendre les propos du quatrième évangile.
La foi de Marie
En tant que protestant, je ne suis pas très versé dans la mariologie, mais je me dois de reconnaître qu’elle présente dans ce récit un exemple de foi.
Voilà une jeune fille d’une quinzaine d’années, qui reçoit la visite d’un ange qui lui dit : « Tu vas être enceinte alors que tu n’es pas mariée. Tu seras jetée en pâture aux commérages de ton village et tu seras la honte de ta famille. Mais ne crains pas car ton enfant sera le sauveur du monde. » Qu’est-ce qu’elle répond ? « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. »
Un des enjeux de la vie spirituelle est le grand oui à ce qui arrive. Si l’homme du ressentiment selon Nietzsche se morfond sur son passé et le subit, l’homme libre choisit ce qui lui arrive. Il est disponible pour l’accueil et la gratitude.
Une illustration
Le texte dit que Joseph n’est pas le père de Jésus. La réponse apportée par la foi sur sa conception est qu’il est né du Saint-Esprit, mais qu’en est-il de ceux qui n’ont pas la foi ? Comment ont-ils considéré Jésus ?
L’évangile présente deux versets qui portent le soupçon sur son origine. Dans l’évangile de Marc, lorsque les gens de Nazareth accueillent Jésus, ils disent : « c’est le fils de Marie », ce qui est complètement atypique, car les hommes sont habituellement situés par rapport à leur père. Dans l’évangile de Jean des remarques des religieux alimentent le soupçon : « Où est ton père ? », ou encore « nous ne sommes pas nés, nous, de la prostitution. »
Ces indices laissent entendre que Jésus était marginalisé dans la bonne société religieuse, ce qui explique en partie sa solidarité naturelle avec les exclus de son temps.
Pour aller plus loin :
Les pasteurs Antoine Nouis et Florence Taubmann commentent le texte biblique de Luc 1, 26-38 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-24-decembre-annonce-de-naissance-de-jesus/
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis