L’évangile du dimanche 14 janvier

Jean 1.35-42 – Les premiers disciples chez Jean

Introduction

Dans le récit précédent, Jean a reconnu que Jésus était celui qu’il avait annoncé, celui dont il n’est pas digne de dénouer la lanière de ses sandales, celui qui baptise dans l’Esprit alors que lui ne pratique que le baptême d’eau.

La suite logique de ces annonces est que certains de ses disciples vont s’intéresser à Jésus. Notre passage évoque le passage des premiers disciples qui étaient avec Jean et qui changent de maître pour suivre Jésus.

Lorsque des membres d’un groupe quittent le navire, c’est toujours un épisode douloureux

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Agneau de Dieu

Dans le passage précédent, Jean avait déjà dit de Jésus qu’il était l’agneau de Dieu. Il le répète ici. L’image de l’agneau a plusieurs significations.

Il évoque l’agneau pascal qui symbolise la libération au temps de l’exode. À la différence des autres évangiles qui font du dernier repas de Jésus un repas pascal, dans la chronologie de Jean, Jésus est crucifié le jour de la Pâque, au moment où des milliers d’agneaux sont sacrifiés dans le temple de Jérusalem.

L’agneau est une image messianique dans les chants du serviteur souffrant : Maltraité, affligé, il n’a pas ouvert la bouche ; semblable au mouton qu’on mène à l’abattoir, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert la bouche. (Es 53.7)

Enfin nous retrouvons dans la littérature johannique le symbole de l’agneau immolé dans le livre de l’Apocalypse qui met en scène l’opposition de l’agneau et du dragon, et contre toute attente, à la fin l’agneau est plus fort que le dragon.

La place d’André

Le récit parle de deux disciples bien connus : André et Pierre. Contrairement aux évangiles synoptiques, c’est André le plus important. C’est lui qui conduit son frère à Jésus, et c’est lui qui le premier confesse que Jésus est le Christ.

Jean désigne Jésus comme l’agneau de Dieu, et André déclare : « « l’agneau est le Christ », ce qui est la grande annonce paradoxale qui fonde la foi chrétienne : le Christ qui est le sauveur du monde est un agneau.

Dans l’histoire de l’Église, André est considéré comme le fondateur de l’Église de Constantinople qui est le berceau de l’Église orthodoxe, laquelle Église accorde une place particulière à l’évangile de Jean. Nous trouvons une filiation entre André, la littérature johannique et l’Église orthodoxe.

Pistes d’actualisation

Que cherchez-vous ? La foi comme quête 

Lorsque Jésus accueille ceux qui seront ses premiers disciples, il leur pose la question : Que cherchez-vous ? Cette question définit la foi non à partir de la certitude, mais de la quête.

La quête se situe comme une alternative entre le scepticisme et le dogmatisme. Le sceptique ne cherche pas car il pense qu’il n’y a rien à trouver et le dogmatique ne cherche pas car il pense qu’il sait tout.

Être un homme, une femme, de foi revient à ne jamais éteindre la quête de Dieu, à toujours être en recherche. Le grand commandement de la Bible n’est pas : Crois !, mais : Écoute ! Celui qui écoute sait qu’il ne sait pas, il est en quête.

Où demeures-tu ? La foi comme demeure

Jésus interroge les disciples de Jean pour savoir ce qu’ils cherchent, et ils répondent où demeures-tu ? Les disciples ne demandent pas Jésus son adresse, mais quelle est sa demeure intérieure.

La demeure comme façon d’exprimer la foi se retrouve dans le quatrième évangile : Demeurez dans ma parole ; demeurez en moi ; demeurez dans mon amour, dira plus tard Jésus à ses disciples (Jn 8.31 ; 15.4 ; 15.9).

Puisque le récit se situe après le baptême de Jésus, on peut se souvenir que Paul évoque le baptême en thème de vêtement (Vous tous qui avez reçu le baptême du Christ, vous avez revêtu le Christ » (Ga 3.17).

Nous avons dit que la foi était une question de quête, c’est la quête d’une demeure, d’un vêtement.

Le changement de nom, de Simon à Pierre

Le nom Simon signifie Dieu a entendu, il est fils de Jean (Dieu fait grâce), il devient Simon la pierre, le rocher, le roc, celui sur qui on peut bâtir. En Christ, il a trouvé sa vraie vocation, sa vraie personnalité.

Dans la Bible, chaque fois qu’un homme change de nom, c’est qu’il accède à une réalité nouvelle. Un des fondements de la foi chrétienne consiste à croire que Jésus nous connaît mieux que nous-mêmes. Il nous connaît par notre nom, non pas le nom par lequel on nous appelle, mais notre nom le plus personnel, le plus intime, celui qui fait de nous un être unique. En Christ, je suis moi, je suis libéré de la comparaison, je suis aimé tel que je suis.

Une illustration : la symbolique de l’agneau

Comme illustration, je voudrais revenir sur la symbolique de l’agneau.

Dans la nature, Dieu a donné à chaque espèce animale les moyens de se protéger de ses ennemis. Le renard se terre dans son terrier, le caméléon se camoufle, le hérisson se hérisse, l’oiseau vole, le lion n’a peur de personne, le serpent mord, la gazelle court vite et le lapin est prolifique.

Un seul animal n’a aucune défense, l’agneau qui n’a aucune chance de survie dans le combat de la vie. Et pourtant il a survécu à la sélection des espèces et il est toujours là. Comment comprenons-nous qu’il soit un symbole du Christ ?

L’épître du dimanche 14 janvier

1 Co 6.13-17 – La place du corps dans la foi 

Le contexte – Questions de sexualité

Paul a fondé l’Église de Corinthe, ville dans laquelle il est resté dix-huit mois. Après cela, il est parti poursuivre son ministère, mais il a été alerté d’un certain nombre de troubles qui ont perturbé la vie de l’Église.

Au sein de la communauté, certains membres ont trop bien entendu la prédication de la liberté et ils se sont livrés à la débauche. Un verset déclare : Partout on entend parler de l’inconduite sexuelle qui a cours parmi vous, une inconduite telle qu’on ne la rencontre même pas ailleurs dans les nations.

Quand on sait que Corinthe était un port avec toute la prostitution de ce genre de lieu, on frémit à ce que peut représenter une inconduite qui dépasse celle des Corinthiens.

Paul aborde cette question depuis le début du chapitre 5 pour rectifier le tir.

Que dit le texte ? – De la liberté à la sainteté

Plutôt que de prononcer des interdits, Paul commence par rappeler les principes de la liberté chrétienne : Tout est permis. Aussitôt il ajoute deux précisions qui définissent les contours de la vraie liberté : Tout n’est pas utile, et : Je ne permettrai à rien d’avoir autorité sur moi. 

Autrement dit dans notre exercice de la liberté, nous pouvons nous poser deux questions : Est-ce que ce que je m’apprête à faire est utile, et est-ce que ça risque de me lier à une autorité ? 

L’apôtre ajoute que notre corps fait partie du corps du Christ, et qu’en cela il est d’une immense dignité que nous sommes invités à respecter.

Ensuite il enfonce le clou en rappelant que notre corps est le sanctuaire de l’Esprit Saint. Par l’Esprit, ce n’est plus dans un lieu sacré que nous devons chercher Dieu, mais dans la personne de ses disciples.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La demeure du Christ 

Le lien avec l’Évangile paraît plutôt lointain. On peut le percevoir autour du thème de la demeure. La foi en termes de demeure implique toute notre personne. Notre corps est important au regard de l’Évangile. 

Une parabole rabbinique raconte qu’un maître, à l’issue d’une leçon, annonce à ses élèves qu’il va accomplir un devoir religieux. Les élèves lui demandent lequel, et il répond qu’il va aux bains. Devant l’étonnement des élèves, il précise. On nettoie bien les statues à l’effigie de César, à combien plus forte raison devons-nous prendre soin de notre corps qui est à l’image de Dieu.

Le Premier Testament du dimanche 14 janvier

1 S 3.3-10 – L’enfant Samuel entend le Seigneur 

Le contexte – Samuel chez Éli

La mère de Samuel, Anne, est longtemps restée stérile. Dans sa prière, elle a pris l’engagement, si le Seigneur lui donnait un enfant, de le consacrer au Seigneur pour tous les jours de sa vie. Elle a été exaucée et Samuel est né. Quand il a été sevré, sa mère l’a confié au prêtre Éli pour qu’il soit à son service.

Le récit qui précède raconte que les fils d’Éli se sont mal comporté et qu’un envoyé est allé le trouver de la part de Dieu pour lui reprocher de laisser faire ses fils. Il lui annonce que la prêtrise de sera pas confiée à ses descendant.

En écho à cette annonce, notre texte évoque la vocation du jeune Samuel.

Que dit le texte ? – Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !

Le récit met en scène Éli et Samuel, le prêtre et l’enfant, il ressemble à un passage de témoin puisque le Seigneur s’adresse à Samuel pour transmettre un message de jugement à Éli. Habituellement, c’est l’ancien qui enseigne l’enfant, là c’est l’inverse.

Lorsque le Seigneur appelle Samuel au milieu de la nuit, ce dernier pense que c’est Éli qui l’appelle. À trois reprises il va trouver le prêtre et à trois reprise le prêtre le renvoie se coucher.

Au bout de trois fois, Éli comprend que c’est le Seigneur qui s’adresse à Samuel et il lui demande de répondre à l’appel : Parle Seigneur, moi, ton serviteur, j’écoute !

Il ne suffit d’entendre la parole de Dieu, il faut être capable de l’écouter et d’y répondre en lui remettant notre disponibilité.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La disponibilité du disciple

La réponse du jeune Samuel préfigure celle des disciples qui ont été prêts à se déplacer pour voir la demeure de Jésus. Dans leur réponse, eux aussi ont fait preuve d’une belle disponibilité.

Dans l’évangile, Jésus a déclaré que le disciple devait devenir comme un enfant pour entrer dans le royaume. Il a ajouté : C’est pourquoi quiconque se rendra humble comme cet enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux (Mt 18.4).

La disponibilité du jeune Samuel devient un modèle pour celui qui veut suivre le Christ. Il doit apprendre à dire : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. Pour que Dieu parle, il faut commencer par écouter.