Jacques Arnould, historien des sciences et théologien catholique français, explore la fascination humaine pour la colonisation de l’espace, abordant à la fois les rêves et les réalités d’une telle entreprise. Il décrit les colonies spatiales imaginées comme des royaumes paradisiaques, exempts de parasites tels que les cafards et les moustiques, conçus pour ne transporter que des êtres humains, des animaux et des plantes bien-aimés. Cette vision contraste fortement avec notre existence imparfaite et mortelle sur Terre, profondément enracinée dans une cosmologie historique et spirituelle qui dépeint souvent les cieux comme le royaume de la perfection et de l’ordre.

Jacques Arnould fait remonter le rêve de l’humanité de vivre au-delà de la Terre aux avancées scientifiques de Copernic, Kepler et Galilée au XVIIe siècle. Ces progrès ont fait voler en éclats la notion d’un cosmos inaccessible et ont ouvert la possibilité de voyager dans l’espace et, par la suite, de le coloniser. Jacques Arnould souligne la progression historique dans le domaine spatial depuis le lancement du vaisseau Spoutnik avec à son bord le premier homme Youri Gagarine jusqu’aux ambitions contemporaines de construction de stations orbitales et de colonies planétaires.

Alors que les années 1960 représentent l’apogée de la course à l’espace entre les Etats-Unis et l’URSS, des scientifiques de renom ont orienté leurs recherches sur la colonisation de l’espace. Gerard K. O’Neill, physicien à Princeton, et ses étudiants ont débattu de la question de savoir s’il fallait construire des colonies spatiales dans le vide ou sur des surfaces planétaires, et ont fini par imaginer de grandes structures cylindriques et toroïdales abritant des milliers de personnes.

Les héritiers modernes des idées d’O’Neill, comme Jeff Bezos et Elon Musk, prônent la colonisation de l’espace comme l’avenir de l’humanité. Bezos envisage de déplacer les industries polluantes hors de la Terre, créant ainsi une planète plus propre et plus vierge. Musk se concentre sur la transformation de Mars en un monde habitable, un concept connu sous le nom de terraformation.

Cependant, Jacques Arnould souligne les immenses défis et dangers de la vie dans l’espace, notamment l’exposition aux radiations et les effets de la microgravité sur la santé humaine. Ces facteurs soulèvent des questions sur la faisabilité et l’opportunité d’une colonisation spatiale à long terme. Il existe également des considérations philosophiques et éthiques, se demandant s’il ne vaudrait pas mieux consacrer ses efforts à l’amélioration de la vie sur Terre.

Jacques Arnould brosse un tableau vivant du rêve durable de l’humanité de coloniser l’espace, en équilibrant les aspirations utopiques avec les dures réalités et les dilemmes éthiques.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Jacques Arnould
Réalisation : Pierrick Mouton