Valérie de Gasparin, née dans une famille genevoise prestigieuse, s’est fait un nom bien au-delà des cercles aristocratiques, devenant une figure influente de la théologie et de l’éthique protestantes du XIXe siècle en France et en Suisse. Mariée au comte Agénor de Gasparin, elle a gagné le titre de comtesse mais a surtout brillé par son esprit indépendant et son travail littéraire, abordant des questions profondes de foi, de morale et de société. Bien qu’elle ait toujours refusé le titre de théologienne, considérant qu’elle n’avait ni les qualifications académiques ni la formation formelle en théologie, ses écrits témoignent pourtant d’une réflexion riche et percutante sur la foi chrétienne et le protestantisme de son époque.
Les œuvres de Valérie de Gasparin se concentrent sur des thèmes comme l’éthique chrétienne et le rôle de la femme dans la société, abordés avec un ton et une approche novateurs. Paradoxalement, elle s’opposait aux mouvements féministes de son temps, qu’elle critiquait sévèrement, notamment dans ses échanges acerbes avec des figures telles que George Sand. Cependant, ses actions ont ouvert des voies nouvelles pour les femmes, en particulier dans le domaine professionnel. En créant La Source, une école laïque pour infirmières près de Lausanne, elle a offert aux femmes l’opportunité d’embrasser une carrière sans avoir à prononcer de vœux religieux, ce qui représentait une avancée audacieuse dans une société encore très conservatrice.
L’influence de Valérie de Gasparin dépasse les frontières de son époque : ses écrits, oscillant entre théologie et poésie, permettent d’explorer la pensée protestante du XIXe siècle sous un angle unique. Accessible et prolifique, elle offre un modèle de foi personnelle et d’engagement intellectuel qui interroge les normes sans chercher à s’inscrire dans le cadre traditionnel. Aujourd’hui, ses textes, largement disponibles, continuent d’inspirer ceux qui s’intéressent aux questions de foi, de liberté et de rôle des femmes dans la société, rappelant l’importance de son héritage à la fois conservateur et avant-gardiste.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Sarah Scholl
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag