Ancien président de la Fédération protestante de France, François Clavairoly a récemment exprimé une évolution majeure dans sa position sur l’aide à mourir. Longtemps opposé à toute forme d’euthanasie, il plaide désormais pour une ouverture réfléchie à la proposition de loi actuellement débattue. Ce changement ne s’est pas fait en un jour : il est le fruit d’années de réflexion, de relectures bibliques et d’un passage à l’écrit décisif, notamment dans l’ouvrage collectif Les religions et la fin de vie (2023).
François Clavairoly décrit cette évolution comme un « déplacement intérieur ». Initialement fondée sur le refus de transgresser un interdit moral, sa position s’est transformée en une prise de conscience : un refus ne suffit pas à répondre aux souffrances vécues par les malades et leurs proches. Le pasteur insiste sur la double dimension de la fin de vie : intime et sociale. Il rappelle que mourir dans la dignité ne relève pas seulement d’un choix personnel, mais implique aussi une responsabilité collective de fraternité et de soutien.
Selon lui, la loi pourrait apporter une forme de libération, non seulement pour les malades, mais aussi pour leurs familles et les soignants, à condition de garantir des garde-fous solides. Il insiste sur la nécessité de la clause de conscience pour les médecins, du respect du temps de réflexion du patient, et d’une vigilance accrue sur l’entourage afin d’éviter toute pression indue.
Interrogé sur la prise de position des représentants religieux, François Clavairoly admet leur modération, tout en regrettant que la diversité protestante n’ait pas été suffisamment représentée. Il rappelle que la Bible ne condamne pas explicitement le suicide, contrairement à certaines traditions chrétiennes. Il propose une relecture plus nuancée des textes, estimant que Dieu regarde les gestes de désespoir avec bienveillance, sans condamnation ni exclusion du salut.
Enfin, il soulève une question centrale : à qui appartient le corps ? Ni entièrement à Dieu, ni exclusivement à la médecine, mais aussi à soi. Pour François Clavairoly, le temps est venu de reconnaître cette responsabilité personnelle. La vie, dit-il, est un bien confié par Dieu dont chacun doit être responsable, jusqu’au bout.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : François Clavairoly
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag, Horizontal Pictures
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