Alors que l’Assemblée nationale débat de la légalisation de l’aide à mourir, Maxime Georgel, en fin d’études de médecine générale, s’oppose clairement à ce projet. Fort de son expérience en soins palliatifs et de ses convictions chrétiennes, il dénonce une dérive éthique, sociale et médicale, plaidant pour une écoute plus profonde des souffrances exprimées.

Durant un stage en unité de soins palliatifs gérée par la congrégation protestante des Diaconesses de Reuilly, Maxime Georgel a été confronté à une demande d’euthanasie. « Ce n’est pas toujours une demande de mort réelle, mais souvent une manière d’exprimer une souffrance que le patient ne sait pas dire autrement », explique-t-il. Ces paroles révèlent selon lui un besoin d’écoute, d’accompagnement, pas une validation automatique de la demande.

Son opposition s’appuie sur plusieurs axes. D’abord, un principe fondamental : « C’est à ceux qui veulent changer la loi de démontrer que l’euthanasie est moralement justifiable », rappelle-t-il. Le droit français considère encore aujourd’hui qu’ôter volontairement la vie à autrui est un meurtre, ce que l’euthanasie ne peut contourner sans débat profond.

Maxime Georgel souligne aussi que la Bible présente la vie comme un don de Dieu, non comme une propriété individuelle. Le suicide, y compris assisté, y est systématiquement dépeint de manière négative. Mais, au-delà de la foi, c’est la réalité médicale qui l’inquiète : en Belgique ou aux Pays-Bas, le développement de l’euthanasie s’est accompagné d’un recul des soins palliatifs. « Les ressources sont limitées. Si l’on investit dans des structures pour pratiquer l’euthanasie, on en mettra moins dans celles qui accompagnent la vie jusqu’au bout », affirme-t-il.

Il conteste également l’argument de l’autonomie : si l’on fonde la loi sur le droit à disposer de son corps, pourquoi restreindre l’accès à l’euthanasie à certaines conditions ? Ce principe, poussé à son terme, mènerait inévitablement à l’euthanasie sans critère médical, voire involontaire, estime-t-il, citant les dérives déjà observées à l’étranger.

Maxime Georgel défend la loi actuelle, issue de la loi Claeys-Leonetti, qu’il juge « fine, réfléchie, équilibrée ». Elle permet, dit-il, de soulager sans tuer, en s’appuyant sur des principes comme le double effet (soulager même si cela raccourcit la vie) et sur la collégialité des décisions. Il insiste aussi sur la richesse humaine des soins palliatifs : une approche pluridisciplinaire, un accompagnement spirituel et psychologique, une écoute attentive de la douleur dans toutes ses dimensions.

« Le corps continue de vivre même en sédation, rappelle-t-il. Et même dans l’agonie, il reste une humanité à accompagner. » À ses yeux, il ne s’agit pas d’opposer la compassion à la loi, mais de rappeler que la compassion ne passe pas nécessairement par la mort.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Maxime Georgel
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag

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