Pour le philosophe Olivier Abel, la notion de foi n’est pas une simple adhérence à des traditions immuables, mais un engagement actif qui se réinvente et se renouvelle à travers les tempêtes de l’histoire. Cette conception de la fidélité est vivante et créatrice, capable de s’appuyer sur la tradition tout en lançant de nouvelles promesses et en générant de nouveaux commencements. Elle comprend même les trahisons comme des éléments fondamentaux de la transformation, comme dans l’exemple de l’apôtre Paul qui, dans un sens, a trahi sa foi antérieure pour embrasser celle en Christ.
Olivier Abel souligne que la conversion implique nécessairement l’abjuration de quelque chose, insistant sur l’idée que la foi implique des ruptures et des recommencements, et non une simple continuation sans heurt. Cette approche est illustrée par l’idée de transformer un hasard en destin, une manière de choisir activement son chemin de foi jour après jour, malgré ou à cause des circonstances initiales de naissance ou de rencontre.
Le bonheur associé à la foi est décrit comme un assentiment répété, une approbation continue de la voie choisie, où chaque jour la persévérance réaffirme la conviction. Cette approche est en opposition avec une vision de la religion purement identitaire, où la foi serait réduite à une question de culture sans vitalité. Au contraire, la foi est vue comme une langue vivante, une parole qui s’appuie sur un héritage mais qui doit continuellement s’adapter et se renouveler pour rester pertinente et vivante dans de nouveaux contextes.
L’équilibre entre maintenir la tradition et innover dans l’expression de la foi est crucial. Cela nécessite une confiance en soi qui est loin d’être arrogante, mais qui est plutôt une reconnaissance de sa capacité à penser, parler, et agir tout en étant guidé par quelque chose de plus grand. Cette confiance en soi entraîne et nécessite à son tour une confiance en autrui et dans le monde, reconnaissant l’interdépendance des individus et la richesse apportée par diverses expressions de la foi.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Olivier Abel
Technique : David Gonzalez, Quentin Sondag, Horizontal pictures