Que je t’aime !

Je dois vous avouer que j’étais un peu sceptique et troublé devant l’émotion qu’a suscité la mort de Johnny Halliday le mois dernier. Comme certains d’entre vous, j’ai même trouvé impressionnant que le jour de l’anniversaire de la séparation de l’Église et de l’État (le 9 décembre) on organise des funérailles nationales et une messe télévisée durant laquelle des millions de Français ont pu entendre le discours du chef de l’État, la lecture de textes bibliques et une prédication. La France est plus catholique que ce que certains voudraient nous faire croire. À la radio, quelques jours auparavant, j’avais pu entendre Françoise Hardy raconter sa dernière entrevue, dans les coulisses de la tournée « les vieilles canailles ». Ne sachant que dire à son ami malade, elle lui avait simplement rappelé qu’elle n’avait, elle-même, tenu que grâce à la chimio et aux prières : « J’ai prié Dieu et beaucoup de gens ont prié pour moi… Et beaucoup de gens prient pour toi, Johnny ! ». Puis j’ai pu lire le texte complet de l’homélie du 9 décembre.

Je ne peux évidemment pas approuver l’idée que Dieu accueille dans son paradis tous ceux qui, un jour, ont été baptisés enfants, tout simplement parce qu’ils ont été baptisés. Mais je suis touché par cette réponse que Johnny a donnée à des journalistes qui l’interrogeaient sur sa foi (et que le prêtre a évoquée) : « On peut me faire ce qu’on voudra, je resterai chrétien. Je suis sûr que Jésus, lui, ne m’en veut pas ». Nous pouvons parfois être prompts à juger et à critiquer et nous pouvons douter de la foi de Johnny.

Mais l’important n’est pas de savoir si ceux qui sont morts étaient chrétiens. L’important est de savoir si nous le sommes. Et si c’est le cas, est-ce que nous mettons nos talents au service de celui qui a tous les talents, l’Artiste par excellence ? Johnny n’avait-il pas tatoué, sur sa poitrine, un Christ en croix portant une guitare ? Ultime provocation ou confession d’un artiste qui a voulu mettre son art au service de Dieu ? Dieu seul le sait ! Retenons en tout cas les dernières paroles, courageuses, du vicaire général du diocèse de Paris lors de son homélie (qui pourraient être un mot d’ordre pour l’année 2018) : « Soyons donc des icônes de l’amour de Dieu plutôt que des idoles dont la vie s’épuise » ! Nous sommes sauvés par la foi et non par le baptême. Alors Dieu nous accueille dans sa maison en nous disant : « Que je t’aime, que je t’aime, que je t’aime » !