Le Diaconat protestant de Grenoble reste une institution (1). Une vieille dame de 111 ans (association Loi 1901 créée en 1906) toujours aussi fringante. « Lors de mon arrivée en 2014, j’ai été impressionné par l’esprit diaconal et le maillage social grenoblois liés à la culture de la ville », se rappelle Hervé Gantz, l’un des trois pasteurs de l’Église protestante unie de Grenoble avec Marie-Pierre Van Den Bossche et Joël Geiser (2). Un esprit diaconal qui s’est développé au fil du temps dans cette ville scientifique et universitaire. Une cité frondeuse, résistante lors de la Seconde guerre mondiale, dotée de l’un des premiers centres du Planning Familial. L’Église protestante unie de Grenoble est issue d’un vieux terroir protestant du Dauphiné le plateau du Trièves, autour de la ville de Mens, surnommée « la petite Genève » au temps de la Réforme. Une communauté née au cœur de la révolution industrielle, dans la seconde moitié du 19ème siècle, qui a fait construire son temple en 1873, une bâtisse à l’architecture traditionnelle, aux tribunes à l’ancienne et à la chaire majestueuse trônant dans les hauteurs. C’est à Grenoble que le pasteur Paul Keller a, de 1962 à 1970, beaucoup théorisé sur la théologie moderne de l’église citoyenne dans la société. La dimension diaconale de la ville en est sortie renforcée.
Le Diaconat protestant ? Un chêne solide à multiples branches, riche d’une centaine de bénévoles, animé par un nouveau président dynamique François-Pierre Bouchaud et le secrétaire général salarié de l’association Jean-Marc Lefebvre. Un Diaconat qui va bien. A commencer par l’Echoppe, un de ses piliers destiné à la distribution alimentaire de colis. « Nous partageons les locaux de l’Echoppe avec une association musulmane depuis quelques années», précise Hervé Gantz. Et, au-delà de l’aide pécuniaire aux plus démunis, le Diaconat protestant a créé, en partenariat avec le Secours Catholique et le CCAS de la ville, une épicerie solidaire. « Il s’agit d’une supérette fonctionnant avec des employés en réinsertion et des bénévoles, privilégiant le Bio et les circuits courts », explique Philippe Sautter, président du conseil presbytéral, fils de Richard Sautter qui fut pasteur à Grenoble de 1946 à 1962.
C’est aussi le réseau Esaïe pour accueillir les gens de la rue. Un réseau d’hébergement autour d’une vingtaine de familles qui accueillent à tour de rôle des célibataires ou des mineurs isolés. Ces derniers étant accompagnés dans une démarche éducative. C’est ainsi qu’une jeune fille de quinze ans a pu échapper à la prostitution. Ou bien encore, Courte Echelle, un espace pour aider à la recherche d’emploi. Le Diaconat protestant organise aussi, chaque mois, une réunion biblique « Maux-mots croisés. Moi au risque de la Bible. Une lecture quelque peu existentielle pour voir la façon avec laquelle le texte biblique peut retentir dans la vie de tout un chacun », explique Hervé Gantz. Pour les années à venir, le Diaconat protestant de Grenoble entend rajeunir les équipes autour d’une diaconie intergénérationnelle. Tout en réfléchissant à l’ouverture d’une maison diaconale et au renforcement de l’association dans les collectifs d’accueil des migrants.
Cultes à la carte
A chacun des trois pasteurs, une mission. Le Diaconat pour Hervé Gantz. La vie communautaire (cultes, études bibliques, groupes de visiteurs…) pour Marie-Pierre Van Den Bossche, arrivée à l’été 2016. L’ouverture au monde, à l’œcuménisme et au dialogue interreligieux pour Joël Geiser. Au programme, conférences, événements, expositions, journées du patrimoine et organisation des concerts. La paroisse se compose de quelque 1 200 familles : 760 donateurs et 450 membres pour l’association cultuelle. « Environ 120 paroissiens sont engagés dans une activité paroissiale », apprécie Philippe Sautter. Trois cultes sont organisés le dimanche matin. L’un à 9h au Centre œcuménique Saint-Marc, construit en partenariat avec L’Église catholique en 1967 au sud de la ville (3). Puis, à la suite de la messe, un culte anglican destiné aux nombreux scientifiques étrangers travaillant à Grenoble. Au temple de la rue Hébert, le culte traditionnel a lieu, comme il se doit, à 10h30. Le catéchisme se déroule une fois par mois le samedi après-midi au CUJD (4) à Montbonnot-Saint-Martin, dans une belle propriété dotée d’un grand parc. Un temps spirituel avec les parents clôt l’après-midi. « Une forme de petit culte très apprécié des parents comme des enfants », précise Philippe Sautter. Hervé Gantz, responsable du groupe de jeunes lycéens et étudiants, organise également un camp de ski en février. La paroisse compte environ 70 enfants et jeunes inscrits au catéchisme et autre école biblique. « Mais nous comptons très peu de confirmations et de baptêmes. C’est la crise de la transmission », regrette Philippe Sautter. Un constat à relativiser face à l’engagement de la centaine de bénévoles du Diaconat protestant. En perspective, « un projet d’envergure sur le temple pour en faire un outil en cohérence avec le Texte d’Envoi et d’Orientation de notre église. A savoir un temple accueillant qui facilite le témoignage, le rayonnement et favorise l’édification », conclut Hervé Gantz.
(1) Diaconat protestant : 2, rue Joseph Fourier – 38000 Grenoble. 04 76 03 26 88. diaconat-grenoble.org
(2) Église protestante unie de Grenoble : 2, rue Joseph Fourier – 38000 Grenoble. 04 76 42 29 52. eglise-protestante-unie-grenoble.fr Le temple dispose de trois entrées : Rue Hébert (salles), Rue Fourier (secrétariat), Place Perinetti (culte)
(3) Centre œcuménique Saint-Marc : adresse + téléphone : 22 Rue Malherbe 38000 GRENOBLE 04 76 25 22 24
(4) CUJD : Centre Unioniste de la Jeunesse du Dauphiné.