Pour remplir leur mission et recréer du lien, celles-ci s’appuient, entre autres, sur les médias en ligne. « Le confinement est un défi », écrit Emmanuelle Seyboldt, présidente du conseil national de l’EPUdF : les paroisses le relèvent.
A situation inédite, réponse sans précédent des paroisses. De fait, la réactivité de nos paroisses protestantes préférées restera gravée dans nos mémoires lorsque ce temps de confinement sera loin derrière nous. Quelle mobilisation pour palier la suspension des cultes dominicaux et des rencontres paroissiales ! « Comment être Église dans ces temps si difficiles ? Comment nous réinventer pour rester une communauté ? », s’interroge à juste titre Sibylle Klempp, présidente du conseil régional PACA. Le « Maintenons le lien au quotidien. Profitons des nouvelles technologies, des réseaux sociaux pour rester en lien », de l’EPUdF de l’Etoile à Paris résument la mobilisation pastorale française. La multiplicité des réponses, la rapidité de la mise en place de différents vecteurs de communication est impressionnante et montre à quel point la France protestante reste vivante quand bien même les temples ont, pour l’heure, fermé leurs portes. « En quelques jours, je n’ai jamais eu autant d’échanges et de liens », se réjouit Sibylle Klumpp.
« D’un mal sort un bien »
Les paroisses protestantes confirment l’adage populaire en s’attachant, en effet, à inventer l’église de demain. Dans un esprit de communion, l’UEPAL propose, en lien avec l’Église catholique, de « Vivre l’Église dispersée », en faisant sonner les cloches tous les soirs à 18h et le dimanche à 10h : « Ces cloches nous invitent à prier ensemble pour le monde, chacun chez soi au même moment, en terminant par le Notre Père. L’occasion de mettre en pause notre quotidien confiné pour nous ouvrir à Dieu, aux autres et de nous savoir reliés par une chaîne invisible. Un instant de communion avec tous ceux qui y prendront part. » A Gap, le pasteur Arnaud Van Den Wiele propose d’allumer des bougies, symboles d’espérance et de vie, aux fenêtres.
Réinventer l’Église
Cloches, bougies, autant de vecteurs de communication ancestraux, qui perdurent et viennent s’associer aux outils numériques de notre 21e siècle. Sur l’idée d’une Eglise alsacienne (Facebook, groupe #linstantcommunion), les régions protestantes du Sud-Ouest et de Provence-Alpes-Corse-Côte d’Azur, se retrouvent pour un temps de prière communautaire, chaque jour à 18h, à suivre aussi avec WhatsApp. Par ailleurs, de nombreux WhatsApp paroissiaux fleurissent dans le Sud (Arles par exemple), à Paris (à l’Eglise de l’Etoile) et dans de nombreuses autres paroisses. Ce sont aussi les cultes interactifs par le biais, entre autres, de Facebook et de YouTube, qui se sont incroyablement développés, de même que l’enregistrement des prédications ou de méditations (Orléans, Paris Auteuil, Pantin, Arles, Etoile, Pentemont-Luxembourg, Sanary, Le Bouclier à Strasbourg …). A Melun, les prédications sont disponibles sur les applications de podcasts et en streaming. En région PACA, presque tous les pasteurs postent leurs méditations sur YouTube.
Maintenir le lien
A Angers-Cholet, le pasteur Loïc de Putter a eu la joie de pouvoir proposer à ses paroissiens, par le biais d’un lien, dès le lundi 16 mars, des méditations quotidiennes audio, sur fond musical : « Un vrai cadeau que David, conseiller presbytéral aux multiples talents, m’a fait pour cette mise en place. A partager sans mesure ! » A Boulogne-Billancourt, la page Facebook de la paroisse propose textes à lire ou vidéos. Et, pour animer le site, articles notamment à l’attention des enfants, et autres contenus choisis sur le portail Regards protestants. Et les prédicateurs laïcs de la paroisse de Boulogne de se mobiliser pour enregistrer des vidéos mises en ligne sur le site et sur la page Facebook.
Plus généralement, les pasteurs entendent continuer à communiquer, rester en relation avec leurs paroissiens par le biais de mails informatifs sur toutes les émissions protestantes accessibles, les idées de prières et textes bibliques (au Havre par exemple). La paroisse de l’Annonciation à Paris propose ainsi, au-delà d’un temps de prière, par mail, un récapitulatif des émissions protestantes (Carême protestant, Campus protestant, un parcours spirituel en 21 jours …).
« Comment maintenir l’humanité dans ce contexte ? » observe le philosophe Olivier Abel dans Réforme (19 mars 2020). « En inventant d’autres formes de visites », répond-on à la paroisse du Havre. Le fait est que nos pasteurs, qui ne peuvent plus se déplacer effectuent, partout en France, des visites téléphoniques. L’Église protestante de Montargis a même mis en place, avec les paroissiens, une chaîne téléphonique destinée aux personnes isolées. Et si l’homme augmenté annoncé par l’intelligence artificielle n’était pas seulement celui que l’on pensait ?