Le livre de l’Ecclésiaste, ou Qohéleth, est en réalité une déconstruction radicale de ce qui fait courir les humains et qui est traité de futilité : Futilité complète, dit Qohéleth, futilité complète, tout n’est que futilité ! (Qo 1.2 repris en 12.8).

Au titre de ces futilités, la primauté ou la valorisation extrême de la jeunesse. Ce qui semble par-delà les siècles un des travers de nos sociétés modernes. La jeunesse est une futilité et le vieux sage dit : « Malheureux es-tu, pays dont le roi est un jeune homme » Mais il dit aussi : « Mieux vaut un enfant pauvre, mais sage qu’un roi vieux et stupide qui ne sait plus prendre conseil » (4.13). Ni la jeunesse, ni la vieillesse ne sont des valeurs en tant que telles. Pour le sage de la Bible, la vraie sagesse consiste à travailler (et ne pas manger dès le matin, ce qui est le signe des goinfres ou des paresseux !) et à savoir prendre conseil.

La sagesse, plus puissante que la jeunesse ?

L’attitude qui consiste à juger une personne à partir de son âge revient à l’essentialiser. On ne la voit que par son âge et non par ses qualités, ses capacités de travail et la sagesse qui consiste à écouter les autres. Il existe des vieux sages et des jeunes imbéciles, comme il existe des vieux séniles et des jeunes avisés.

Reprocher à une personne son âge, c’est comme lui reprocher sa taille ou la couleur de ses cheveux. Et que ceux qui trouvent que la jeunesse est un défaut se calment, car il ne manquera pas de passer avec le temps.

Un point de vue à prendre en compte dans les discussions concernant l’âge de Gabriel Attal, devenu Premier ministre à 34 ans, soit le plus jeune Premier ministre de la Ve République.

Si on veut être à l’écoute de l’Ecclésiaste on peut aussi entendre le verset qui dit : il y a un temps pour jeter des pierres et un temps pour ramasser des pierres (3.5). Vu les enjeux de la situation économique et internationale, il semble plus urgent de ramasser les pierres ensemble plutôt que de se les lancer au visage.

Un texte du théologien Antoine Nouis et de Jean-Luc Mouton, du journal Réforme