Certains les perçoivent comme une aubaine en matière d’écologie, d’autres comme une manière de se racheter une bonne conscience. Les crédits-carbone sont un mécanisme, élaboré dans les années 1990, qui est sur le devant de la scène en raison du dérèglement climatique.

Un crédit-carbone correspond à l’émission d’une tonne d’équivalent dioxyde de carbone, mise sur le marché du carbone. Cette unité a été créé dans le cadre du protocole de Kyoto, qui contraignait les signataires à limiter leur production de gaz à effet de serre. La création d’un marché du carbone était censée permettre aux politiques publiques de réduire les émissions responsables du réchauffement climatique. Le but de ces politiques est, en effet, de faire payer aux émetteurs le coût de leur pollution.

Comprendre les crédits-carbone

Contrairement aux quotas carbone, le crédit-carbone permet de dépasser des plafonds d’émission de dioxyde de carbone. Mais cela ne peut se faire qu’en finançant des projets de réduction des émissions, en dehors du périmètre des entreprises. Suivant ce schéma, le principal système de crédit de compensation carbone, le Mécanisme de développement propre, est né à l’issue du protocole de Kyoto.

Un article de l’économiste Alain Karsenty, sur The Conversation, analyse ce mécanisme et le juge a priori cohérent. Les pays du Sud ont l’opportunité d’attirer des investissements pour des projets de développement durable, financés par les industries du Nord. Et ces dernières ont l’opportunité de trouver des gisements de réduction d’émissions à moindre coût.

Ce mécanisme a cependant des défauts. Il entrave le système des quotas, selon l’économiste Alain Karsenty, car les quotas visent à réduire les projets de réduction d’émissions et à faire évoluer les industries vers de nouveaux modèles économiques. Le marché du crédit-carbone, lui, permet d’investir dans des projets de réduction d’émissions de manière presque illimitée sur la planète. Il ne s’inscrit donc pas dans la logique de rationnement des quotas.

Un impact controversé

De plus, l’abondance de ces crédits empêche les prix du carbone d’augmenter. Si ce prix reste peu élevé, les entreprises pourront donc acheter des crédits-carbone plutôt que de chercher à réduire leurs émissions. Les crédits-carbone font donc souvent l’objet de critiques, assimilés aux indulgences que les nobles achetaient auprès de l’Église catholique pour racheter leur conscience.

Certaines études estiment ainsi que ces crédits n’ont aucune action vertueuse pour la planète. D’abord, ils permettent à de grosses industries de ne pas changer leur modèle économique. Ensuite, les projets de compensation peuvent être mal conçus ou inefficaces, ce qui signifie que les émissions ne sont pas réduites autant prévu, comme l’explique Agoterra.

Une enquête menée par des journalistes du Guardian, de Die Zeit et SourceMaterial a notamment alimenté la controverse. Elle montre que 90% des crédits carbone du programme de protection des forêts tropicales de l’ONG américaine Verra (soit 40% des crédits vendus dans le monde) n’ont en fait aucun impact positif sur le climat.