Entretien mené par Joël Burri et Emmanuelle Jacquat
« La situation en Syrie est périlleuse », soutient David Owen, ancien secrétaire des affaires étrangères du Royaume-Uni et membre du Parlement anglais de 1966 à 1992. « On a longtemps craint qu’une intervention de l’OTAN dans la crise syrienne conduise à une guerre mondiale, et ce moment est plus proche que jamais. »
Il a livré son analyse mardi 23 février aux étudiants du diplôme en assistance humanitaire, au Château de Bossey (VD), centre de conférence du Conseil œcuménique des Eglises, ainsi que lors d’une rencontre avec la presse. « Une analyse des éléments qui ont conduit au déclenchement des première et seconde guerres mondiales montre qu’un manque de clarté dans les intentions des nations concernées est, en soi, extrêmement dangereux. »
Dans le cas du conflit syrien, c’est les frappes aériennes de la Russie, qui si elles touchaient la Turquie pourraient forcer l’OTAN à entrer dans le conflit. « Les pays doivent choisir leurs interventions militaires, ils ne doivent pas y être entraînés », plaide le social-démocrate. Il condamne, d’ailleurs les interventions occidentales : « aujourd’hui il serait dans l’ordre des choses que la guerre vienne du Liban ou de la Palestine, pas de la Russie ou de l’Amérique ». Mais il rappelle que « forcer des pays à entrer en guerre ne serait pas une première ! Cela a déjà été le cas avec les Etats-Unis lors de la guerre au Koweït. » […]