Un article de la série « La transmission de la mémoire de la Shoah ».
Spécialiste de la mémoire de la Shoah, Brigitte Sion pose un regard critique sur l’évolution de ces lieux de pèlerinage. Entretien.
Experte en pratiques mémorielles, Brigitte Sion s’intéresse tout particulièrement à la manière de commémorer collectivement les grandes tragédies, telles que la Shoah, les «disparus» argentins ou le génocide cambodgien. Si le mémorial sert initialement à se souvenir, il remplit aussi des missions pédagogique, politique ou encore touristique.
Comment définir un mémorial ?
Brigitte Sion: On a trop souvent l’idée que c’est un monument. Un mémorial peut être une construction en trois dimensions, mais également un chant, une prière, un texte, une date ou un festival. C’est moins son essence qui importe que sa fonction. Un mémorial permet avant tout de se souvenir d’un événement. Il ne s’agit pas nécessairement de commémorer une tragédie, cela peut être un jour heureux comme une victoire ou l’indépendance acquise.
A quoi sert un mémorial ?
Les mémoriaux commémorent un événement du passé. Ils ont été conçus, à l’origine, pour les personnes qui avaient vécu l’événement en question. Il y avait donc le rituel, qui existe encore, de se réunir à une date particulière et d’exprimer son souvenir par un dépôt de gerbe, de bougies, ou par le discours d’une personnalité. En France par exemple […]