Elle parle d’une voix douce. On doit presque tendre l’oreille, dans le café de l’Ancienne gare de Fribourg, pour l’entendre expliquer comment, à un moment de sa vie, elle a passé tous ses jours et ses nuits à parler par écran interposé avec des femmes engagées dans l’un des mouvements les plus violents de ce début de siècle : le groupe État islamique (EI).
La fierté d’une mère
On ne s’attaque pas à un tel sujet de doctorat par hasard. Issue d’une famille dans laquelle la religion n’a jamais laissé indifférent, Géraldine Casutt s’interroge tôt sur ce que les gens en font. « Je voulais comprendre le processus de l’extérieur », explique-t-elle. Passionnée de longue date par le Proche-Orient, c’est à Hébron où elle est venue en observatrice en 2011 que la trentenaire est confrontée pour la première fois au culte du martyre. « J’ai été invitée dans une famille qui avait perdu un fils tué par l’armée israélienne. La mère était très triste, mais très fière aussi. Je me suis demandée : la société aurait-elle réagi de la même façon si c’était une femme qui était morte ainsi ? » […]