Nous ne sommes pas touchés, actuellement, par des « fake news », à la Miss’Pop. Du moins, pas dans notre image de marque, pas dans notre rayonnement, ni dans le quartier, ni à Paris, ni en France, ni dans le monde entier. Si l’on peut se demander si nous sommes suffisamment connus, ce que nous demandent nos autorités de tutelle, on ne peut pas se lamenter sur notre mauvaise réputation, et c’est heureux ! Personne ne nous en veut au point de vouloir l’entacher pour une raison ou une autre ! Par contre, les « fake news » sont un nouveau danger lorsque les réseaux sociaux s’en emparent. Elles peuvent être redoutable.

Mais savez-vous que Jésus, lui, a été victime en son temps, déjà, de ce genre de « fake news » ?

Matthieu 9 v 27 à 34 met en scène des Pharisiens qui, voyant Jésus soigner des aveugles et chasser un démon, et plus encore la foule qui s’émerveille, lancent immédiatement : « C’est par le chef des démons qu’il chasse les démons. » « Fake news » !

Lorsque Jésus parcourait les routes de Palestine, ce n’était pas un simple rabbi entouré de ses disciples, qui allait de village en village apporter ses commentaires de la Torah. Sa prédication annonçait bien autre chose : «il y proclamait la Bonne Nouvelle venant de Dieu : le Royaume de Dieu s’est approché ! » (Marc 1 v 14-15). Il était donc reconnu par les foules comme un prophète.

Lutte d’influence

Les Pharisiens s’en trouvent disqualifiés comme porteurs d’espérance, ils voient le peuple tomber sous l’influence de Jésus, qui en appelle à leur confiance. Alors ils veulent allumer un contre-feu. Dans un autre évangile, celui de Marc, Jésus répond à cette même accusation : « Comment Satan peut-il se chasser lui-même ? » (Marc 3 v 23) en mettant en lumière leur absence de logique. Mais cela ne suffit pas pour les en convaincre. Ils n’ont pas la foi, pas confiance en lui, qu’ils considèrent non comme le Messie mais comme un faux prophète !

En somme, il faisait tout simplement une campagne électorale autour de sa personne. Il cherchait à influencer le peuple. En leur disant : « venez à moi ».

Tout en tenant un discours très libéral : « Aimez-vous les uns les autres » face à un discours conservateur : « Obéissez à la loi de Moïse ». Pas étonnant que les autorités de l’époque s’en inquiètent et que les pharisiens, eux-mêmes très prosélytes, le considèrent comme un adversaire redoutable contre leur popularité et cherchent à toute force à le discréditer aux yeux du public.

Pour eux, la parade était toute trouvée. Car quoi de plus simple pour s’en débarrasser que de le traiter de faux prophète ? Puisque le Deutéronome permettait dans ces cas-là de le faire condamner : « Si un prophète a l’audace de prononcer en mon nom un message que je ne lui ai pas communiqué, ou s’il parle au nom d’autres divinités, il devra être mis à mort. » (Deutéronome 18 v 20). Méthode familière aux agitateurs de tout bord, ils propagent une fausse information, selon laquelle Jésus n’agit pas comme fils de Dieu, mais comme divinité inférieure, le chef des démons… C’est de la contre-propagande, pour lutter contre l’influence grandissante de Jésus, que la foule commence à reconnaitre comme Messie, en lui donnant ce titre de : « Fils de David » et en disant : « Jamais rien de tel ne s’est vu en Israël ! » Guérir des aveugles et chasser un démon sont aussi des signes de la fin des temps, que le peuple espérait avec l’arrivée providentielle du Messie, sauveur du peuple.

La foule, partagée entre les Pharisiens qui ont établi une piété rigoureuse et rétabli un judaïsme fort depuis la période de l’exil à Babylone, et le nouvel arrivant qui leur donne toutes raisons d’espérer voir en lui le Messie, ne sait plus où aller, « comme un troupeau sans berger ». Ce que l’on n’appelait pas encore les « fake news » ont fait leur œuvre !

Une recherche d’explication

A l’origine, les « fake news » étaient plutôt des blagues, des détournements humoristiques de l’information. Aujourd’hui, avec des exemples qui viennent de haut et peut-être aussi certaines volontés de désinformation (mais je verse dans le complotisme, attention !) le mensonge s’invite sans crainte sur Internet ! C’est pas nouveau : pendant la dernière guerre, l’intoxication a été monnaie courante dans le renseignement. Selon plusieurs méthodes : diffuser par tracts ou à la radio des informations fausses (par exemple une grande offensive allemande victorieuse alors que l’armée est en pleine débâclé) ou bien une avalanche d’informations de toutes sortes, pour « noyer le poisson » … Ou plus personne ne peut trier le vrai du faux.

À notre époque, où chacun reçoit via Internet une avalanche d’informations impossibles à vérifier toutes, les « fake news » donnent naissance au complotisme. C’est la méfiance vis-à-vis des informations, venues de media pas toujours indépendants il est vrai, qui en est la cause. D’après Alexis Jenni, dans La Croix Hebdo, « dans un monde assez inquiétant parce que l’on sent bien qu’il nous échappe, on veut à tout prix ne pas être dupe, on cherche une volonté, une causalité, toutes choses connues que l’on voudrait appliquer à la marche du monde. On voudrait un peu de bon sens. Le complotisme est la tentative désespérée de l’individu pour se ressaisir de son destin, et de créer une communauté d’avertis ».

À son départ Jésus n’enverra pourtant pas ses sympathisants prendre d’assaut le Capitole de l’équipe, palais d’Hérode ou du gouverneur romain ! Parce que son royaume « n’est pas de ce monde » (Jean 18 v 36). Il se laissera crucifier puis mourir. Et sa Résurrection sera le point de départ de la Bonne Nouvelle, base de la prédication chrétienne, contre laquelle les pharisiens lanceront encore des « fake news ». Ainsi Matthieu 28 v 12 à 15 : « Les chefs des prêtres se réunirent avec les anciens : après s’être mis d’accord, ils donnèrent une forte somme d’argent aux soldats et leur dirent : « Vous déclarerez que les disciples de cet homme sont venus voler son corps durant la nuit, pendant que vous dormiez. Et si le gouverneur l’apprend, nous saurons le convaincre et vous éviter toute difficulté » Les gardes prirent l’argent et agirent conformément aux instructions reçues. Ainsi, cette histoire s’est répandue parmi les Juifs jusqu’à ce jour ».

Prenons donc garde, en écoutant trop des informations sans filtre, à ne pas nous laisser nous aussi aller au complotisme, surtout lorsqu’il s’agit d’enjeux politiques ou de société ! Inutile, bien sûr, de vous exhorter à ne pas en répandre vous-mêmes, même par inadvertance… Mais je sais que vous êtes des gens prudents, n’est-ce pas ?