Notre société est mal armée pour contrer ce mouvement de pensée qui souhaite imposer sa vision du monde, au mépris des réalités mesurées par la communauté scientifique.
Donald Trump a nommé Betsy DeVos comme secrétaire à l’éducation. Elle défend le droit à l’éducation à domicile. Est-ce que cela inquiète le chercheur que vous êtes, grand connaisseur, en particulier des mouvements littéralistes ?
Effectivement, le droit à l’enseignement à domicile est défendu en particulier par les tenants du créationnisme, puisque c’est un moyen de transmettre leurs valeurs à leurs enfants. En fait, il faut bien comprendre que la droite chrétienne américaine ne défend pas seulement des valeurs religieuses. Elle défend un véritable projet de société. Qui dit créationnisme, dit climato-sceptisme, dit attaque contre les droits reproductifs, les minorités sexuelles. Ce sont les quatre piliers de ce projet de société.
Quel lien tirez-vous entre littéralisme biblique et mise en doute du réchauffement climatique ?
A la fin du récit biblique de Noé, Dieu fait la promesse qu’il n’y aura plus jamais de déluge. Les chrétiens littéralistes américains en concluent donc à l’invalidité des recherches démontrant le réchauffement climatique.
Mais même au sein des mouvements évangéliques le créationnisme est contesté. Aux États-Unis, comme en Europe d’ailleurs.
Oui, il y a des scientifiques qui appartiennent à ces milieux et qui travaillent au sein du monde scientifique. Mais on se retrouve ici dans la différence classique entre le discours des élites et les agitateurs qui s’adressent à la base d’un mouvement. Ces chercheurs ne sont pas entendus par la base ! Ces mouvements manquent d’organes de régulation : des autorités religieuses reconnues qui pourraient contester efficacement ces théories. […]