« La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu’un si grand nombre d’hommes, après que la nature les a affranchis depuis longtemps d’une direction étrangère […], restent cependant volontiers, leur vie durant, mineurs (c’est à dire dans l’incapacité de se servir de son entendement) et qu’il soit si facile à d’autres de se poser en tuteurs des premiers. Il est si aisé d’être mineur ! Si j’ai un livre qui me tient lieu d’entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc. je n’ai pas besoin de me donner de peine. Je n’ai pas besoin de penser pourvu que je puisse payer ; d’autres se chargeront bien de ce travail ennuyeux. »

Cette citation pourrait nous être contemporaine, inspirée à la lecture de quelque média ou programme politique. Pourtant elle a été rédigée en 1783. En réponse à la question « qu’est-ce que les Lumières?», posée par un pasteur, le philosophe Emmanuel Kant répond par un texte dans lequel il présente le mouvement comme « l’émancipation de la personne humaine par la connaissance, l’autonomie intellectuelle étant le signe de la dignité de l’homme », comme le résume « Philosophie magazine » dans un hors série titré « Les Lumières face au retour de l’obscurantisme ». […]