Paris est considéré comme la capitale incontestée de la mode, et les Français sont soucieux de leur apparence physique. Pourtant, la part de leur budget consacrée à l’habillement ne cesse de décroître. Ce poste représente chaque année environ 660 €, soit 4% de leurs dépenses. Malheureusement, cette baisse est également corrélée à des choix vestimentaires tournés vers une mode accessible, peu chère et vite consommée, la fast-fashion.
Une industrie gourmande et injuste
Entretenue par une industrie textile de masse, la fast-fashion pèse lourd sur l’environnement mais également sur les épaules des travailleurs pauvres qui sont exploités pour la produire. Elle constitue une gabegie écologique et un scandale social, dont nous semblons bien éloignés quand nous contemplons avec envie ce petit haut brodé qui nous fait de l’œil – et qui viendra s’empiler au-dessus d’une dizaine de modèles du même type.
J’ai bien essayé de demander à Chat GPT de vous expliquer pourquoi, mais ces chiffres publiés par OXFAM , Greenpeace et l’ADEME paraissent des sources plus sûres :
- 130 milliards de vêtements sont consommés chaque année dans le monde,
- l’empreinte carbone du secteur de la mode est estimée à 1,2 milliard de tonnes de CO2, soit environ 2 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, devant le secteur aérien et maritimes réunis,
- la culture du coton couvre que 2,5 % de la surface agricole mondiale, mais consomme 11 % des pesticides,
- la conception d’un jean nécessite 7500 litres d’eau, soit l’équivalent de 50 baignoires remplies,
- le polyester produit 500 000 millions de tonnes de micro-particules de plastique qui finissent dans les océans, l’équivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique,
- sur le prix de vente d’un t-shirt à 29€, 71% sont dédiés à la marge de la marque et du magasin, et seulement 0,18€ reviennent à l’ouvrier qui l’a confectionné au Bangladesh,
- 70 % des vêtements vendus en France sont fabriqués en Asie du Sud-Est, où la main d’œuvre est exploitée. Ces travailleurs sont essentiellement des femmes très pauvres, qui subissent des violences physiques, et parfois sexuelles,
- certaines enseignes renouvellent leur rayon jusqu’à 24 fois dans une année, ce qui accélère le problème,
- seul 1% des tissus de vêtements sont recyclés en nouveaux vêtements…
Contrairement à une idée répandue, il n’existe pas de mode qui soit 100 % éthique ou écologique. Certaines marques vont veiller à utiliser du coton produit sans pesticides, d’autres optent pour une approche vegan, sans cuir ni soie, par exemple, d’autres encore produisent localement, ou en circuit court… Si l’on tient compte de la production des matières premières, de l’utilisation de l’énergie, des conditions de travail et de rémunération, des nécessités de transport et des modes de vente… aucune marque ne peut se targuer de répondre à tous les critères.
Comment s’habiller de manière plus responsable ?
La première réaction serait de ne plus consommer du tout ! C’est un sujet comme beaucoup qui suppose de faire des compromis entre le fait de vivre en société, d’avoir des envies et d’être un minimum cohérent avec ses convictions personnelles ou ses engagements. Si certains rejettent l’idée que la manière de s’habiller participe à l’image qu’on donne de soi, d’autres ont parfaitement envie de vouloir se faire plaisir ou se sentir bien.
Les pistes proposées sont donc des possibilités pour élargir une réflexion, selon les idées de chacun.
– Réfléchir à deux fois
Les boutiques de mode misent sur l’achat coup de cœur. Ce nouveau jean ne va-t-il pas venir rejoindre une collection déjà bien fournie ? Lorsque vous faites du shopping, pensez à la méthode BISOU.
– S’éloigner des grandes enseignes
Si le bas prix d’un vêtement est à coup sûr la marque d’une fabrication à viles conditions, un prix élevé n’est absolument pas la garantie du contraire. On peut se détourner des enseignes à bas coût, mais s’informer aussi sur celles qui revendiquent une production responsable ou locale. « Made in France » signifie parfois « assemblé en France » et ne dit rien sur la manière dont le textile a été produit.
Wedressfair a listé quelques marqués jugées éco-responsables.
– Aller à l’essentiel
Je suis une promotrice de la garde-robe minimaliste, un sujet apparemment futile mais qui permet non seulement d’alléger son dressing, mais aussi de gagner du temps. Réfléchissez comment optimiser votre garde-robe, pour ne pas vous sentir obligé de racheter de nouvelles pièces.
– Miser sur le durable
Moins mais mieux reste une habitude à développer. En achetant d’entrée des pièces de meilleures qualités, on s‘assure d’une durée de vie plus grande. C’est l’occasion de s’interroger sur ce qui nous va vraiment, au lieu d’acheter tout un tas de petites choses qui ne s’assortissent pas entre elles et sont au final peu portées.
– Entretenir et réparer
Un vêtement soigneusement entretenu durera plus longtemps, et il est toujours possible de le faire réparer. Couturière, cordonnier, modiste…peuvent remettre en état un vêtement déchiré, ancien ou beaucoup porté, le transformer ou sublimer une réparation. Il devient, en plus, une pièce originale et unique ! De plus en plus d’enseignes – et pas seulement dans le luxe – le proposent également.
– Opter pour la seconde main
Que ce soit pour acquérir un vêtement de marque à moindre prix, constituer la garde-robe saisonnière pour un enfant qui grandit, ou dénicher un modèle porté occasionnellement (robe de soirée, pantalon de ski…) le vintage est une bonne piste. Des nombreux applications et sites existent, de même que des dépôts-ventes.
On a déjà évoqué les ressourceries, où l’on trouve à peu près tout (meubles, électro-ménager et vêtements). Si les vêtements y sont triés et parfois lavés, suivez cependant certains conseils pour éviter d’éventuelles infestations une fois rentré chez vous. Loren, coach en image et grande acheteuse en seconde main en a fait la désagréable expérience avec des puces de lit.
– Emprunter, la fausse bonne idée
S’abonner à des séries de « looks » qui vous sont livrés chaque mois – avec des vêtements que vous conservez ou renvoyez, privilégie l’usage à la possession. Une idée sympathique, à ceci près qu’elle est consommatrice de CO2 du fait des envois et transport – et cela ne dit rien non plus sur l’origine des vêtements eux-mêmes.
Pour aller plus loin : suivez quelques influenceuses mode éco-responsables.