Comme tous les lundis après-midi depuis octobre, on entend discuter et rire dans l’une des salles du vaste ensemble paroissial, comprenant aussi des bureaux, un jardin, une terrasse et des logements. Damien avait entendu parler des Lundis des amis par sa paroisse du centre-ville. Il fait beaucoup de bénévolat et pour lui, « ce lieu permet de papoter et prendre du bon temps ». Cédric
vit à Entzheim et, suite à une opération, il ne peut plus travailler. « Je vis seul, c’est pas marrant. Ici, on est une bonne équipe. » Pauline Blanc, en service civique, anime ce groupe, composé en majorité de seniors. « J’en profite pour les sensibiliser à la santé et au bien-être, en partenariat avec d’autres associations. Ici, les habitants sont touchés par les inégalités de santé. » Certains des participants des Lundis des amis viennent aussi à d’autres activités proposées dans ce lieu protestant, comme les cours de français. « L’idée est que les gens se croisent », explique Sophie Fauroux, l’animatrice du lieu depuis 2015.

En 2013, lors du départ à la retraite du dernier pasteur, l’église et la paroisse semblaient condamnées, vu le peu de protestants « historiques » qui étaient restés suite à la mutation profonde du quartier. Il n’y a plus eu de cultes, ni de Conseil presbytéral jusqu’à fin 2018, lorsque Sophie Fauroux a été ordonnée pasteure.

Un carrefour de rencontres

Mais entre-temps, l’association Les Amis de la Résu, liée à la paroisse depuis sa création en 1963, existait toujours. Autour de son président Éric Faure et de Sophie Fauroux, elle a mis en place un projet social dans ce quartier où les habitants sont souvent moins bien lotis qu’ailleurs. Soutenue par la direction de l’UEPAL, l’association Les Amis de la Résu est devenue, en 2015, La Résu comme Rencontre, écoute, service, unité et a commencé à offrir aux habitants un lieu convivial et aux associations un lieu de travail. Ainsi, par exemple, toutes les semaines, le Secours populaire donne des cours de français aux personnes déboutées du droit d’asile. Une partie des locaux est louée à une maison-relais qui héberge des femmes en situation fragile. L’église et l’ancienne salle des fêtes accueillent les cultes des Roms et ceux des évangéliques africains. « Nous sommes un lieu laïc avec une éthique protestante », résume Éric Faure, qui est aussi depuis peu le président du Conseil presbytéral. Aujourd’hui pasteure, la mission de Sophie Fauroux n’a pas tellement changé mais à la demande d’habitants, notamment ceux avec qui elle a fait du travail social, elle assure baptêmes, mariages et enterrements, une prière les lundis soirs et un culte les vendredis soirs. Un nouveau projet voit le jour : l’Espace des possibles, un lieu de coworking où la Résu peut aider à la construction d’un projet. Démarré il y a peu, il est ouvert aux amateurs.