À son arrivée dans la paroisse d’Ostheim Illhauesern, Severin Schneider a suivi un « onzième commandement » : «tu n’ennuieras pas les enfants.» Depuis un an, il prépare chaque rencontre mensuelle avec les 5-12 ans de sa paroisse en publiant sur sa chaîne Youtube une vidéo sur le thème biblique à introduire. Dans l’une d’entre elles, illustrée par les enfants eux-mêmes, il revisite par exemple l’histoire de l’Arche de Noé : la licorne n’aurait pas pris le sauveur au sérieux et ne l’aurait pas suivi dans son navire, signant ainsi sa disparition et sa relégation au statut d’animal légendaire. «Le rire fait partie de l’enfant», soutient le pasteur de 28 ans, ordonné ce mois d’octobre. « L’humour permet de passer des messages forts facilement. »

Durant le confinement, Severin Schneider a rapidement remplacé ces vidéos par le journal Jeune et branché, paru jusqu’à la mi-juillet. Dans ses quatre à huit pages hebdomadaires, en lecture libre sur Internet, les enfants suivaient Filo, Théo, Terreur et Mélody, les quatre marionnettes fétiches des rencontres habituelles et aux caractères bien trempés, et découvraient des activités de bricolage ou des BD aux dialogues décapants. Ils participaient aussi au journal en envoyant des textes et dessins. Le jeune père de famille confie s’y être consacré jusqu’à 20 heures chaque semaine. «Les enfants sont contents de participer», se réjouit Anne Ince-Brickmann, mère de Sarah, 9 ans et demi. «Cela les valorise et leur permet d’approcher un aspect biblique par le jeu et l’amusement. Pendant le confinement, le journal était devenu pour Sarah un rendez-vous qui rythmait les semaines.»

Marionnettes, bricolages, chansons, histoires… Sarah aime tout d’Église junior. «Mais il y a quand même quelque chose que je préfère, c’est les voix différentes derrière les marionnettes», souligne la fillette. Pour varier les voix de ses vidéos, Severin Schneider se fait aider par son épouse. Sarah dit aujourd’hui être pressée de revenir aux vraies rencontres du samedi avec ses amis, qui reprennent en octobre. Le pasteur compte cependant continuer aussi à faire vivre sa nouvelle publication. Les méthodes ludiques de Severin Schneider rayonnent déjà bien au-delà de sa petite paroisse et de sa quinzaine d’enfants : ses vidéos et son journal ont été vus jusqu’au Sénégal, en Irlande et aux États-Unis. Ses outils, inédits dans le paysage protestant français, suscitent l’intérêt des services de catéchèse de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine et de l’Église protestante unie de France.