Il y a plusieurs raisons qui font qu’Alde Manuce, dit aussi Alde l’Ancien, est considéré comme le prince des imprimeurs de la Renaissance. L’œuvre de cet homme, venu tardivement à l’imprimerie, est en effet restée dans les annales pour sa qualité unique et son indiscutable nouveauté. «Il a changé l’histoire de l’imprimerie à de nombreux égards, en produisant des textes plus accessibles notamment par les caractères d’écriture et même le format du livre», explique Flavia Bruni, historienne du livre et chercheuse à l’Université la Sapienza de Rome.
Outre la pureté des proportions de ses quelque 120 éditions et l’harmonie de ses caractères, gravés par un orfèvre, Alde Manuce s’est distingué par l’invention de l’apostrophe… et de l’italique: «Il a mis au point cette écriture pour gagner de la place», continue l’historienne. «Il produisait de la littérature classique au format in-octavo, c’est-à-dire des petits livres que l’on pouvait glisser dans sa poche. Il s’agissait d’une stratégie commerciale, visant à ouvrir le marché du livre à un public plus large, à l’époque où […]