L’histoire ne dit pas si, en 1516, l’imprimeur bâlois Johann Froben se doutait que le Nouveau Testament grec qu’il était en train de publier aurait un succès fulgurant, que la lecture de la Bible en serait à jamais changée et qu’il posait à cet instant un jalon essentiel de la Réforme religieuse qui enflammerait l’Europe quelques années plus tard. Ce qui est certain, c’est que par un surprenant concours de circonstances, on a développé à Bâle un projet inédit et audacieux : publier le texte biblique retravaillé dans un livre qui allait bousculer des habitudes solidement implantées et permettre à Luther d’élaborer peu après une traduction en langue commune.
Comment se fait-il donc qu’Erasme, intellectuel alors reconnu et éternel arpenteur du continent européen, ait posé ses valises à cet endroit précis? « Il faut savoir que Bâle était un “hub” de l’imprimerie », explique Marcel Henry, curateur de l’exposition « Erasmus MMXVI, des écrits explosifs » au musée historique de Bâle. « Ce secteur demandait beaucoup de fonds et de matériel technique, et Bâle était en lien avec les grands centres de l’imprimerie, comme Nuremberg. Aussi, cette ville avait un statut plus […]