Une manière de contribuer au jubilé de la Réforme sur un plan académique.
Dans le cadre d’un colloque qui se déroulera du 11 au 13 mai à Genève, une quinzaine de spécialistes s’intéresseront à la relation critique et souvent polémique qu’a eue Luther avec la philosophie influençant à son tour une génération de philosophes après lui. En provenance des États-Unis, d’Allemagne, d’Angleterre, de Suisse ou de France, théologiens, philosophes et historiens auront une approche interdisciplinaire. Ils aborderont dans leurs spécificités l’influence qu’a eu la pensée du réformateur sur des philosophes comme Kant, Kierkegaard ou Heidegger. A l’inverse, ils vont aussi s’intéresser aux philosophes qui ont influencé Luther. Un héritage parfois récusé basé sur la philosophie de l’Antiquité, du Moyen Age ainsi que de l’époque contemporaine au réformateur.
La théologie protestante est de manière générale plus critique par rapport à la philosophie que son homologue catholique qui pense le rapport entre théologie et philosophie dans le sens d’une complémentarité, explique Hans-Christoph Askani, professeur de systématique à l’Université de Genève et coresponsable de l’organisation. « L’idée sous-jacente à cette position critique réside dans la supposition luthérienne que la raison a une tendance à comprendre l’homme sans Dieu et que seulement la foi comprend vraiment la relation entre Dieu et l’homme », continue-t-il. Toutefois, le professeur précise que si « Luther a eu un rapport critique à la philosophie et à l’autonomie de la raison dans son rapport avec la foi, sa pensée comporte des implications philosophiques et a influencé des philosophes importants après lui ». […]