Partons de l’exemple de la Grèce. Elle doit régler aujourd’hui les factures d’une incurie d’État qui vivait trompeusement au-dessus de ses moyens et dont profitait un grand nombre de gens dans le pays. L’heure de vérité est désormais là, cruelle mais irrémédiable. Les anciens philosophes déjà avaient parlé, il y a bien plus de 2000 ans, de jugement immanent : nul n’échappe aux conséquences de ses fautes, certains ajoutant : fût-ce par-delà la mort. Tant la cruche va à l’eau qu’à la fin elle se casse.

L’analogie avec nous ? Nous voyons arriver aujourd’hui – en fait au plus tard depuis les années 60 du dernier siècle, où la conscience écologique a fait irruption dans la conscience publique – les factures de notre civilisation occidentale dominante, dans laquelle l’être humain, considéré comme maître et possesseur de la nature, fait ses comptes sans celle-ci, faisant ainsi l’addition sans l’aubergiste.

J’ai déjà cité par deux fois un proverbe. Dans mon jeune âge, je lisais que la sagesse des proverbes était dépassée, également celle-ci : L’honnêteté est la meilleure des politiques (Ehrlich währt am längsten). Nous savons les ravages, entre autres dans la finance, de la malhonnêteté, qui peut parfois être très légale. Nous connaissons les ravages dus à la méconnaissance, par toute notre civilisation, des équilibres de la nature, et les ravages, qui y sont souvent liés, de l’injustice entre les peuples du Nord et du Sud, ou entre les riches et les pauvres.

C’est un réveil brutal pour un grand nombre, redouté depuis longtemps par bien d’autres. Mais, comme en Grèce, nous, de la même civilisation, nous sommes dans la même barque. Il y a à faire face ensemble aux factures, ainsi qu’à un changement civilisationnel, ou plus modestement sociétal, de mentalité. Nécessité fait loi. Nouveau proverbe.

Dieu est-il vert ? Passons sur le titre accrocheur, journalistique. Il est question de Dieu en relation avec l’écologie, et donc d’une part avec la situation écologique – et climatique – inquiétante que nous commençons à entrevoir, et d’autre part avec la revendication d’un changement du comportement écologique. Concernant le premier point, contentons-nous d’évoquer le jugement immanent : ce que l’homme sème, il le récolte. Concernant l’autre point, mais rétroactivement aussi le premier, rappelons-nous cette élémentaire affirmation biblique : La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse.

La crainte de Dieu : ce n’est pas la peur de Dieu, contrairement à toute une tradition d’éducation qui a fait tant de ravages. La crainte de Dieu, et donc du Créateur, c’est ce qui libère de la peur, aussi de la peur de la fin de notre monde présent. La crainte de Dieu, c’est le respect d’un Dieu qui se met à l’école de son oeuvre continue de Créateur dans la nature. Et la foi c’est la crainte de Dieu en tant qu’il crée, aujourd’hui comme hier, à partir du tohubohu de nos existences et de notre monde.

Noé, en son temps, a agi dans la crainte de Dieu. Noé, c’est qui aujourd’hui ? Les Verts ? L’Église ? Telle autre religion, tel autre mouvement ? Et moi ? Et toi ?